Une étude menée par le Sytra de l’UCLouvain analyse pour la première fois l’ensemble des fonds publics destinés aux systèmes alimentaires en Wallonie. Les conclusions de cette analyse révèlent un décalage entre les déclarations politiques favorables à l’agroécologie et l’investissement réel: seuls 10% des fonds publics wallons destinés aux systèmes alimentaires soutiennent effectivement la transition agroécologique. Dans le cadre de sa campagne agroécologie, Oxfam-Magasins du Monde – aux côtés d’un consortium d’associations comprenant Humundi, l’UNAB, Canopea, le MAP, Greenpeace, Fian, Oxfam Belgique et Rucola – appelle le futur gouvernement wallon à faire du soutien à l’agroécologie et à ses pratiques une priorité transversale aux ministères de l’agriculture, de l’environnement et de la santé.
Face à la nouvelle crise du monde agricole et à ses réponses politiques jusqu’ici inadaptées, il est essentiel d’aider les agriculteurs et agricultrices à développer des solutions réellement systémiques pour améliorer leur qualité de vie et répondre aux enjeux de climat, de biodiversité et de santé.
L’agroécologie propose de telles solutions. Elle vise à faire une agriculture qui s’inspire et travaille avec la nature et qui intègre des pratiques telles que l’agriculture biologique. Elle vise de plus à favoriser des systèmes alimentaires distribuant de manière plus équitable l’accès aux ressources et au pouvoir économique et politique. Mais malgré les multiples références à l’agriculture durable et à la transition agroécologique en Wallonie, le financement de politiques favorables fait largement défaut.
Pour un financement massif de l’agroécologie
L’étude démontre que les financements favorables à l’agroécologie en Wallonie soit sont très modestes, soit n’intègrent l’agroécologie que de manière très superficielle, ce qui ne permet pas d’engager la transformation nécessaire. Elle montre également que ce ne sont pas que les mesures environnementales qui font défaut mais surtout les dimensions sociales [1] de l’agroécologie, pourtant fondamentales pour une transition juste et des systèmes alimentaires plus équitables.
« Nous demandons à la Wallonie d’agir et d’adopter un plan de financement massif pour la transition agroécologique des systèmes alimentaires wallons, ce qui implique d’arriver au minimum à 25% de fonds qui soutiennent effectivement l’agroécologie durant la prochaine législature » , déclare François Grenade, responsable de plaidoyer chez Humundi.
Pour un réel pilotage de la transition écologique
Au-delà du manque de financement, l’étude démontre une dispersion, un manque de vision et un saupoudrage des fonds destinés à la transition agroécologique. Agir sur les systèmes alimentaires est pourtant un levier essentiel pour améliorer simultanément de nombreux enjeux : précarité des agriculteurs·trices et des consommateurs·trices, santé humaine, environnement, égalité de genres.
« Aujourd’hui en Wallonie, il n’y a pas de pilote de la transition agroécologique. Les futurs partis au pouvoir doivent mettre en place une stratégie inter-ministrielle de transformation des systèmes alimentaires qui implique les ministres de l’agriculture, de l’environnement et de la santé » , souligne Patrick Veillard, notre chargé de recherche et de campagne.
Article original paru sur canopea.be