Au cours de ces 4 dernières semaines, nous avons reçu des messages de la plupart de nos partenaires directs du « Sud ». En Asie, en Amérique latine et en Afrique, les situations nationales et locales sont partout préoccupantes, voire catastrophiques : c’est leur vie qui est en jeu.
Le confinement est en vigueur dans la plupart des pays de nos partenaires : Inde, Bangladesh, Pérou, Vietnam, Indonésie, Kenya, Philippines… au Pérou et au Kenya, un couvre-feu a même été instauré. En conséquence beaucoup d’ateliers de production sont fermés car le télétravail n’est possible que pour une infime partie des travailleurs/euses. Chez quelques partenaires, une partie des artisan-e-s qui travaillent à la maison essayent de continuer de produire, mais ils et elles sont confrontés à des difficultés pour l’approvisionnement en matières premières ou à la suspension provisoire des commandes par les clients (encore rares, mais redoutées). De plus, comme en Belgique, les écoles sont fermées et les enfants doivent rester à la maison ce qui a également des conséquences sur le volume de production.
Le transport international étant ralenti voire à l’arrêt, les livraisons des commandes sont bloquées. Le directeur de Noah’s Ark explique ainsi que certaines marchandises étaient prêtes et déjà mises en containers, mais se retrouvent bloquées au port pour une durée indéterminée.
Comme en Belgique, le confinement a conduit à la fermeture de la plupart des commerces, ce qui impacte l’activité de vente locale de certains de nos partenaires (Craft Link, Villageworks, Sasha, ACP…). Au Kenya, Bombolulu a perdu tous les revenus de son activité locale puisqu’elle est liée au tourisme (vente dans leur boutique de Mombasa). Au Chili et en Bolivie, les conséquences de l’épidémie viennent aggraver celles de la crise politique et sociale des derniers mois. L’une des artisanes travaillant pour Qipaña se désespère des conséquences du confinement, dans ce pays où l’économie informelle permet à tant de familles de vivre : “à quoi va servir la quarantaine, si on ne meurt pas du coronavirus alors c’est de faim qu’on mourra“.
En plus de l’inquiétude liée à la situation sanitaire, tous les partenaires témoignent de leur préoccupation face à l’incertitude et aux conséquences économiques et sociales prévisibles de la pandémie.
Si les mesures de confinement les empêchent de produire (distanciation sociale impossible dans les ateliers, rupture d’approvisionnement en matières premières…), ou bien s’il n’y a plus de commandes de leurs clients, ils/elles n’ont tout simplement plus de revenus. Ce qui est surtout problématique est que dans la plupart de ces pays, il n’existe pas de filet de sécurité en cas de coup dur, les systèmes de protection sociale sont faibles ou inexistants. Nos partenaires ne bénéficient pas d’aides publiques. Du jour au lendemain, une famille peut donc se retrouver sans ressources et avoir des difficultés à se nourrir. Comme l’écrit la directrice de Saffy aux Philippines, « pas de travail, pas d’argent ». L’épidémie du coronavirus va donc accroître rapidement et fortement leur précarité.
Si nous ne réagissons pas, si nous ne les aidons pas, ce sont leurs vies mêmes qui sont en danger. Ces organisations permettent aux artisan·e·s de vivre dignement. Avec notre aide, elles pourront se relever. Assurons leur un futur !
Face à cette situation, certains de nos partenaires ont réussi à prendre des mesures pour aider les artisan-e-s mais ils ne pourront pas les tenir longtemps: CRC en Inde paie des avances en liquide aux pour leur permettre d’acheter de la nourriture. B Comme en Belgique, certains des producteurs-trices sont mobilisées pour confectionner des masques et testent des prototypes d’autres équipements de protection.