Après le Danemark et le Mexique, c’est l’Afrique du Sud qui accueillera la prochaine Conférence des Parties [[highslide](1;1;;;)
Ou COP, pour « Conference of the Parties ».
[/highslide]] à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) [[highslide](2;2;;;)
La Convention-cadre, adoptée lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, compte à ce jour 194 Etats parties.
[/highslide]], qui se tiendra du 28 novembre au 9 décembre 2011 à Durban. Pour Oxfam, cette conférence sera un moment crucial.
Les changements climatiques réduisent les rendements agricoles et détruisent les cultures, ce qui rend encore plus difficile l’activité de production alimentaire des paysans du Sud. Ces paysans doivent donc être davantage soutenus dans leur lutte contre les changements climatiques.
L’agriculture était à l’agenda des COP de Copenhague et de Cancún, mais sans donner lieu à l’adoption de décisions. Ce point doit être prioritaire lors de la prochaine Conférence de Durban. De plus, les incertitudes doivent être levées sur le financement du « fonds climat » pour le Sud dont la création a été décidée à Cancún. En outre, à Durban, les pays développés devront décider de l’avenir du Protocole de Kyoto pour après 2012 et conclure un accord légalement contraignant afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’origine des changements climatiques. C’est en mettant fin au réchauffement de la planète que nous pourrons protéger la production alimentaire !
Depuis 1995 et la COP1 organisée à Berlin, les Etats parties à la CCNUCC se réunissent chaque année autour de la lutte contre les changements climatiques. Ainsi, c’est lors de la COP 3, organisée à Kyoto en 1997, qu’a été adopté le Protocole à la Convention-cadre, en vue de réduire de 5%, entre 2008 et 2012, les émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés par rapport à leur niveau d’émissions de 1990. Plus récemment, en 2009 et 2010, les COP ont eu lieu à Copenhague et à Cancún, avec des résultats inexistants pour la COP 15 et limités pour la COP 16.
Faits-clés sur les enjeux climatiques
- Catastrophes : si rien n’est fait, le nombre de catastrophes climatiques comme les ouragans, les sécheresses et les inondations risque de tripler d’ici 2030.
- Victimes : le nombre de personnes affectées par des catastrophes climatiques doublera d’ici 2015, pour atteindre 375 millions de victimes par an. Le nombre de personnes affectées par les inondations est passé de 7 millions dans les années 60 à 150 millions aujourd’hui. D’ici 2050, 200 millions de personnes pourraient être contraintes de fuir chaque année du fait de la faim, de la dégradation environnementale et de la perte de terres.
- Coût : répondre au défi climatique coûterait 1% de la richesse mondiale (1% du RNB) ; l’inaction coûterait pour sa part entre 5 et 20% du RNB mondial. Pour rappel, les dépenses mondiales en armement se sont élevées à 1.464 milliards de dollars en 2008, et les pays riches ont déboursé 18 trillions de dollars pour sauver les banques de la crise…
- Injustice : les pays en développement subissent l’écrasante majorité des coûts liés aux dommages climatiques alors que les 50 pays les plus pauvres sont, pris ensemble, responsables de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Extrait de Globo, Le climat en jeu à Copenhague, Trimestriel d’Oxfam-Solidarité, n°28, décembre 2009.
COP 15 : l’échec de Copenhague
De l’avis général, la Conférence de Copenhague (COP 15) de décembre2009 aété un échec. Malgré deux ans de préparation et deux semaines de négociations, les représentants des gouvernements n’ont en effet pas pu aboutir sur un accord juridiquement contraignant. Et ce, malgré une mobilisation sans précédent de la société civile dans le monde et dans les rues de la capitale danoise pour demander aux Etats parties d’aboutir à une décision ambitieuse sur le climat.
Malheureusement, la volonté politique n’a pas été à la hauteur de l’événement. En effet, les négociations ont notamment souffert de l’attitude des Etats venus à Copenhague sans véritable intention de négocier et davantage orientés par leurs intérêts dans les combustibles fossiles et par la défense de leur compétitivité économique à court terme. Résultat : un texte faible présenté par une trentaine d’Etats et ne garantissant aucune action concrète. Et un risque de perte de confiance générale dans le processus des négociations intergouvernementales sur le climat.
Les audiences sur le Climat
Afin de peser sur les décisions de nos responsables politiques lors de la Conférence de Copenhague sur le Climat en 2009, Oxfam a organisé plus de 36 audiences dans des pays stratégiques et au niveau européen où 1,5 million de personnes faisant partie des premières victimes des changements climatiques ont pu faire part aux décideurs politiques de leurs expériences directes.
COP 16 : une avancée, malgré une faible volonté politique
En décembre 2010, tout en débouchant sur un accord permettant au moins de ne pas rester sur l’échec de Copenhague, la Conférence de Cancún a à nouveau fait apparaître le manque de volonté politique des gouvernements [[highslide](3;3;;;)
Les informations qui suivent sur COP 16 proviennent du dossier de campagne réalisé par Oxfam-en-Belgique pour la campagne « Cultivons » et du rapport « Climat : les négociations en mal d’ambition » réalisé par le Réseau action climat France.
[/highslide]]. Si un accord a bien été atteint in extremis, celui-ci est malheureusement trop peu ambitieux pour répondre aux défis des changements climatiques. Le paquet de décisions adopté a cependant eu le mérite d’éviter la faillite du mécanisme multilatéral des négociations des Nations Unies pour la régulation du climat. Tout en réaffirmant leurs engagements financiers à court terme, les pays développés ont notamment reconnu la nécessité de dégager 100 milliards de dollars annuels d’ici 2020 afin de financer les efforts de réduction d’émissions et d’adaptation des pays en développement. Ce fonds vert pour le climat doit être mis en place en 2011 par un comité où les pays en développement seront majoritaires et permettra de financer les efforts de réduction d’émissions et d’adaptation des pays en développement.
Oxfam a demandé aux gouvernements présents à Cancún de mettre en place un fonds climat pour soutenir l’adaptation des paysans du Sud aux changements climatiques. «
Si Oxfam souligne l’urgence de débloquer des fonds, c’est parce que le changement climatique affecte déjà les populations pauvres de pays vulnérables », expliqueBrigitte Gloire, responsable du plaidoyer « climat & développement durable » d’Oxfam-Solidarité. En effet :
- En 2008, il y avait déjà 36 millions de « déplacés climatiques » – des personnes qui ont du prendre la fuite suite aux catastrophes naturelles toujours plus nombreuses.
- D’ici 2015, 375 millions de personnes pourraient être affectées par des catastrophes naturelles imputables en partie au changement climatique.
- Dès 2030, dans les régions où la sécurité alimentaire est déjà menacée, le changement climatique fera encore fort baisser le rendement de cultures telles que le blé, le riz et le maïs.
Source : site internet d’Oxfam-Solidarité.
Malgré ces avancées, la partie n’est pas gagnée. Principalement à cause du jeu politique du Japon, de la Russie, des États-Unis et du Canada, les États représentés à Cancún ne se sont pas formellement prononcés sur une seconde période d’engagement du Protocole de Kyoto, soit pour après la première période d’engagement, qui court jusque fin 2012. Ils ne se sont pas non plus mis d’accord sur un objectif mondial de réduction des émissions de GES. Or, d’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) [[highslide](4;4;;;)
Créé en 1988, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat a pour mission d’évaluer les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui ont trait à la question des changements climatiques. Les rapports de ce groupe constituent la source d’information la plus respectée sur le sujet.
[/highslide]], pour respecter leur promesse de limiter d’ici 2100 le réchauffement climatique à2°C au-dessus du niveau préindustriel (objectif minimum pour avoir une chance sur deux d’éviter la catastrophe climatique, selon le GIEC), une réduction de 50 à 85% des émissions sera nécessaire entre 1990 et 2050. Certains Etats ont bien défini des objectifs volontaires de réduction de leurs émissions de GES, mais – en plus d’être non contraignants – ces objectifs sont insuffisants. Ainsi, selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), ce scénario donnerait tout de même lieu à une augmentation de température de3,2°C d’ici 2100. On est donc loin au-dessus de l’objectif de2°C. Signalons que l’objectif de2°C est lui-même un minimum et que la décision prise lors de la COP 16 ouvre la possibilité de faire passer ce seuil de2°C à une augmentation de 1,5°C.
Par ailleurs, la question des sources de financement à long terme pour alimenter le fonds vert pour climat est restée en suspend. Bien qu’elle aurait pu contribuer à alimenter de manière conséquente le fonds et à encourager la réduction d’émissions par ces secteurs, l’idée de taxer les transports aérien et maritime n’a pas été retenue. Toujours concernant le fonds vert, Oxfam insiste, face à la tendance à favoriser les projets de réduction de GES, sur la nécessité de combler le déficit de financement des projets d’adaptation.
Enfin, l’accord de Cancún ne mentionne pas la déclaration importante émise à l’occasion de la Journée de l’agriculture et du développement rural, organisée au même moment. Cette déclaration insiste sur la nécessité de lier les politiques climatiques à celles visant la sécurité alimentaire.
COP 17 : l’agriculture dans les négociations
A nouveau, différents sujets seront abordés lors dela prochaine COP, à Durban. Les sujets demandant des clarifications ou des décisions ne manquent en effet pas. Dans cette analyse, nous concentrons notre attention sur un enjeu arrivé depuis peu dans l’agenda des négociations sur le climat : l’agriculture. En lien avecla campagne Cultivonsd’Oxfam, nous nous intéresserons dans cette section à la place de l’agriculture dans les négociations intergouvernementales sur les changements climatiques.
L’agriculture : un nouvel enjeu central
Bien que l’agriculture ait été au menu des négociations, aucune décision la concernant n’a pu être prise lors des Conférences de Copenhague et de Cancún. Avant les COP 15 et 16, l’agriculture était même restée largement absente des négociations intergouvernementales sur le climat. Les enjeux climatiques concernant l’agriculture sont pourtant de taille.
- Ainsi, l’agriculture contribuait pour pas moins de 13,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2004, ce qui en faisait le 3ème poste le plus important d’émissions. En y ajoutant les émissions provenant du changement d’affectation des sols et de la déforestation dus à l’agriculture, ce secteur représente même un tiers des émissions totales et constitue la première source d’émissions. Ici, on a affaire à l’enjeu de la diminution des émissions de GES par le secteur agricole.
- L’agriculture est une activité qui dépend en grande partie des conditions climatiques, surtout dans les zones où l’agriculture est majoritairement pluviale. Dans de nombreuses régions du monde, touchées, entre autres, par des sécheresses inhabituelles ou des modifications des cycles des pluies, la production agricole souffre d’ores et déjà des changements climatiques, avec des conséquences sérieuses sur la production alimentaire. Il est donc indispensable de prendre aujourd’hui des mesures pour assurer la sécurité alimentaire d’une population mondiale appelée à dépasser les 9 milliards d’individus vers 2050. Parallèlement à l’enjeu de la diminution des émissions par le secteur de l’agriculture, on doit donc aborder l’enjeu de l’adaptation de ce secteur aux changements climatiques.
Au vu de l’importance de ces éléments, il apparaîtrait logique que les activités agricoles deviennent un enjeu conséquent des négociations sur le climat. D’ailleurs, l’ensemble des Etats acceptent aujourd’hui l’idée que l’agriculture entre dans les négociations sur le climat. Mais l’approche de l’agriculture s’est jusqu’ici concentrée sur l’objectif de la diminution des émissions de GES et a largement laissé de côté l’enjeu de l’adaptation, qui risque par conséquent d’être négligé.
Donner une place aux agricultures paysannes
En outre, la diminution des émissions dans le domaine de l’agriculture n’est envisagée qu’au travers d’une seule modalité : le transfert de technologies vers les pays du Sud. Une telle approche fait l’impasse sur les pratiques des agricultures paysannes traditionnelles, alors que celles-ci peuvent jouer un rôle de premier plan pour répondre simultanément et efficacement aux défis des changements climatiques et de la réalisation du droit à l’alimentation [[highslide](5;5;;;)
Voir l’étude L’agriculture paysanne peut nourrir le monde et refroidir la planète, de Corentin Dayez et Stéphane Parmentier
[/highslide]]. Les agricultures paysannes des pays du Sud émettent non seulement relativement peu de GES, mais elles ont aussi un potentiel intéressant de séquestration de carbone dans les sols. Cela, en recourant à des pratiques peu coûteuses et donc accessibles à tous. Les agricultures paysannes, qui sont pratiquées par la plupart des agriculteurs dans le monde, font à la fois partie des solutions et des victimes des changements climatiques, avec des conséquences potentiellement graves sur le plan de la sécurité alimentaire mondiale.
Elles doivent dès lors nécessairement se voir reconnaître la place qui leur revient dans les dispositifs définis par les gouvernements pour lutter contre les changements climatiques.
Pour conclure sur la place de l’agriculture dans les négociations sur le climat, ajoutons qu’il serait pertinent que les questions liées à l’agriculture soient abordées du point de vue du système alimentaire mondial que nous souhaitons soutenir sur le long terme. Ainsi, plus de la moitié des déboisements et des autres changements d’affectation des sols sont réalisés pour accroître la production de matières premières agricoles très utilisées par l’élevage industriel et l’agro-industrie (comme l’huile de palme et le soja). Une approche du système alimentaire mondial, qui dépasse la question de la production agricole et fait intervenir d’autres domaines d’activités dans la réflexion, est d’autant plus justifiée que le système alimentaire mondial est actuellement responsable de près de la moitié des émissions de GES ! Plutôt que de pointer uniquement le rôle de la production agricole, il importe donc de considérer la problématique de l’alimentation dans sa globalité.
Mobilisations pour le climat : c’est reparti pour un tour
Pour Oxfam, la fin de l’année 2011 sera marquée par une grande mobilisation pour le climat dans le cadre de la campagne Cultivons. Le 3 décembre, alors que les représentants des Etats du monde entier seront déjà à Durban pour la COP 17, les citoyens seront appelés par Oxfam et d’autres acteurs de la société civile – regroupés au sein dela Coalition Climat– à montrer dans les rues de Bruxelles leur désir de voir aboutir un accord international ambitieux sur le climat. Par ailleurs, Oxfam sera représenté à Durban, avec l’ambition d’influencer dans la bonne direction – celle de la justice climatique – les discussions entre les Etats sur le climat.
Sources
- Globo, Le climat en jeu à Copenhague, Trimestriel d’Oxfam-Solidarité, n°28, décembre 2009.
- Oxfam-en-Belgique, dossier de la campagne « Cultivons ».
- Document Oxfam France, Ce que les négociations de Copenhague signifient, 19 décembre 2009.
- Site internet de la CCNUCC : http://unfccc.int
- Réseau action climat France, Coordination Sud, Climat : les négociations en mal d’ambition – retours sur la seizième Conférence des Parties à la Convention des Nations unies sur les changements climatiques, du 29 novembre au 10 décembre 2010, Cancun, mars 2011.
François Graas
Service politique