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L’huile de palme victime de son succès

Général
L’huile de palme victime de son succès

Savez-vous qu’il y a beaucoup de chances que vous utilisiez sans le savoir de l’huile de palme ? On la retrouve en effet dans le shampooing, le pain, la margarine et même dans votre réservoir de carburant. C’est un produit miracle que nous utilisons énormément. Et c’est là que cela devient problématique, car « trop is te veel » pour les ressources naturelles de notre planète. Mais il y a de nombreuses raisons qui nous poussent à ne pas la condamner trop vite. Il existe, en effet, une huile de palme durable issue de petites coopératives ! Pour ces dernières qui optent pour une culture raisonnée, elle devient une source de revenus intéressante.

L’huile de palme est une solution très bon marché pour améliorer les récoltes, et grâce à ses nombreuses applications, la demande, y compris en Europe, est extrêmement élevée. Nous vivons actuellement une véritable « ruée vers l’huile de palme ». C’est l’huile végétale la plus populaire au monde. On la retrouve dans 50% des produits transformés et elle est également utilisée dans un grand nombre de procédés industriels, comme par exemple les biocarburants.

Nous sommes nombreux à avoir déjà entendu parler des dérives liées à sa production. En effet, on nous parle régulièrement de l’impact dévastateur des plantations d’huile de palme sur les écosystèmes. L’usage des incendies volontaires a de graves conséquences : déforestation massive, perte de biodiversité en raison de la monoculture, disparition de la forêt vierge et de ses zones tourbeuses pour faire de la place aux plantations. C’est une véritable catastrophe écologique qui entraîne une disparition de la forêt régulatrice du climat.

En plus de ce désastre environnemental, les pertes sociales sont également importantes. Les communautés locales sont souvent victimes d’accaparement de terres aux profits de grandes entreprises souvent de mèches avec des gouvernements corrompus. Ces terres qui ont abrité et nourri des générations entières sont transformées en gigantesques plantations sur lesquelles règnent des conditions de travail inhumaines où quiconque proteste se voit durement attaqué, quitte à être réduit au silence pour l’éternité.

Multinationales réveillez-vous !

Malheureusement, les initiatives mises en place par les multinationales du monde entier ne mènent pas à une culture plus durable de l’huile de palme. L’initiative de durabilité la plus connue est la Roundtable of Sustainable Palm Oil [1.] (RSPO – table ronde de l’huile de palme durable). Le problème c’est qu’elle se concentre principalement sur des plantations gigantesques. Et c’est là que le bât blesse car la taille ces plantations « certifiées » est incompatible avec une réelle transparence.

Comment pourrions-nous inverser la tendance ? En l’absence d’autres initiatives, certaines ONG acceptent de participer à la RSPO. De cette façon, elles peuvent continuer à pointer du doigt les dysfonctionnements. Cependant, malgré leurs engagements auprès de la RSPO, de nombreuses entreprises ne tiennent pas leurs promesses et poursuivent dans cette voie controversée. Une étude récente du WWF a révélé que seules 15 des 173 multinationales interrogées tenaient leurs « promesses ». 30 sociétés ont été évaluées comme des lanternes rouges et 41 sociétés n’ont même pas répondu à la demande d’information.

Un ingrédient multifacette

Nous pourrions encore approfondir cette problématique tant elle est complexe. Mais il faut savoir qu’en soit cette huile n’est pas coupable de tous les maux dont on l’accuse. C’est plutôt la manière dont elle produite qui doit être remise en cause.

Car l’huile de palme possède de nombreuses vertus. Sa culture offre des opportunités de développement aux petits agriculteurs. Et en terme de rendement par hectare, c’est un très bon élève par rapport à d’autres huiles.

Chez Oxfam, nous travaillons avec Serendipalm qui est un bel exemple de réussite. Il s’agit d’une association de petits producteurs au Ghana. Ici, les palmiers qui produisent le fameux fruit, font partie d’un écosystème équilibré et grandissent en harmonie avec d’autres espèces tropicales. Cela ne nécessite pratiquement aucune intervention ni apport d’engrais chimiques ou de pesticides. Dans ces conditions, la production d’huile de palme peut parfaitement s’intégrer à l’exploitation raisonnée d’une propriété agricole afin de générer des revenus supplémentaires.

Consommez raisonnablement…

Après avoir lu ces quelques lignes, vous connaissez maintenant mieux l’origine de l’huile de palme. Vous savez donc que si les petites coopératives se développant de manière durable sont favorisées, et si l’acheteur industriel agit équitablement, alors la consommation raisonnée d’huile de palme peut être encouragée. L’huile de palme contenue dans nos produits est fournie par Coopeagropal (Costa Rica) pour les chips et par Serendipalm (Ghana) pour les chocolats, le chocolat praliné (pour le fourrage) et les biscuits au citron et à la noix de coco.

L’huile de palme est une huile très grasse qui contient plus de 40% d’acides gras saturés. Et pour des raisons de santé, il est conseillé de la consommer avec modération. C’est pourquoi nous développons des recettes utilisant le moins d’huile possible (palme ou autres graisses saturées). Dans notre choco fondant, nous n’utilisons que 2,35% d’huile de palme, contre 4% dans les chocos habituels. Et quand l’huile de palme ne confère que peu de valeur ajoutée au produit, nous la remplaçons par des alternatives végétales. Et, pour aller encore plus loin, nous développons avec nos fournisseurs, des recettes qui permettent de plus en plus d’éviter ces huiles végétales. Ainsi, nos fruits de mer au chocolat en sont complètement dénués!

… Et indignez-vous sans modération !

Notre gamme comprend des produits avec et sans huile de palme. Nos partenaires producteurs d’huile de palme travaillent à petite échelle et cultivent de manière durable. En résumé, nous vous faisons confiance. Nous pensons que les consommateurs et consommatrices peuvent faire le bon choix en leur âme et conscience, et nous ne leur demandons qu’une chose, d’exiger une réglementation appropriée.

Dans ce contexte et face aux problèmes du secteur de l’huile de palme, nous saluons la récente résolution du Parlement européen invitant la commission à réglementer les produits importés résultant de la déforestation. Et l’huile de palme constitue sans aucun doute un produit phare de cette réglementation.

[1. La RSPO, la table ronde sur l’huile de palme durable (Roundtable of Sustainable Palm Oil), a été créée en 2004 dans le but de rendre la production d’huile de palme durable à l’échelle mondiale grâce à des normes crédibles émanant de diverses parties prenantes. Les membres se retrouvent à tous les échelons de la chaîne d’approvisionnement en huile de palme et doivent répondre à des conditions strictes pour pouvoir y adhérer. Le label CSPO (Certified Sustainable Palm Oil) est attribué si le produit répond aux critères environnementaux et sociaux spécifiés.]