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Focus sur notre partenaire producteur Manduvirá

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Focus sur notre partenaire producteur Manduvirá

Au Paraguay, il existe un arbre appelé « manduvirá ». Ses racines sont fortes et ses branches résistantes. Cet arbre pousse le long des rivières, supporte les inondations et les tempêtes. Pour les peuples Guarani (peuples indiens d’Amérique Latine), cet arbre est symbole de résistance et de persévérance. Tout comme cet arbre, la coopérative Manduvirá résiste et cultive des cannes à sucre de manière durable et équitable depuis 1975.

La coopérative Manduvirá a été créée par 39 membres, principalement des agriculteurs/rices et des enseignant·e·s. Le but premier était d’améliorer l’offre de micro-crédits pour la communauté rurale et de créer un système de soutien mutuel. Elle se situe au Paraguay dans le district d’Arroyos & Esteros à 67 kilomètres au Nord-Est de la capitale, Asuncion. La coopérative soutient des projets durables dans la région, notamment une usine de bio-compostage et une campagne encourageant une alimentation saine.

Impacts du changement climatique sur l’activité de Manduvirá

Les différents éléments auxquels les cultivateurs/rices sont confronté·e·s sont le gel, la mauvaise répartition des pluies avec des épisodes sporadiques très forts, des zones plus sensibles à la désertification que d’autres ainsi que des sécheresses.

En 2017, de gros épisodes de gel (après un réchauffement précoce) ont mis les producteurs/rices en grande difficulté. Les gelées ont affecté les feuilles de la canne à sucre, qui génèrent du saccharose (la molécule à la base du sucre). Les nombreuses plantes endommagées ont dû être récoltées directement pour pouvoir récupérer ce qui était possible, entrainant une grande perte de revenus. En plus de la perte de rentabilité des plantes touchées par le gel, celles-ci n’ont pas pu être utilisées pour faire des boutures pour de nouvelles plantations. Toute la communauté a été impactée à ce moment-là et commence seulement à s’en remettre aujourd’hui.

Moyens mis en œuvre pour s’adapter

Les grandes exploitations ont plus de possibilités d’adaptation que les plus petites, car elles ont la capacité d’investir dans d’autres variétés de canne à sucre mieux adaptées à des conditions climatiques spécifiques. Les agriculteurs/rices cultivant de petites parcelles ne peuvent pas faire ces investissements.

Manduvirá a donc lancé plusieurs initiatives pour aider les membres de la coopérative à s’adapter et à continuer leur activité : soutien technologique, installation d’une station météorologique, production de compost et bio-engrais avec les déchets des plantations pour améliorer la qualité des sols (parfois mauvaise) et surveillance des parasites par satellite.

En plus de ces initiatives, Manduvirá s’engage également à diminuer son impact écologique. Plusieurs chantiers ont été mis en place comme des projets de reboisement de zones désertifiées, de réduction de la consommation d’énergie ou d’eau (en la recyclant).

D’autres projets sont en cours comme celui de mesurer l’empreinte carbone pour savoir plus précisément où réduire les émissions et augmenter la capacité de l’usine de production de compost et de bio-engrais.

Comment le commerce équitable soutient l’activité de Manduvirá ?

Grâce à la prime de commerce équitable, la coopérative a pu aider ses membres à se rétablir économiquement suite aux événements climatiques destructeurs , ainsi qu’à mettre en oeuvre plusieurs projets comme la création de leur propre usine de production de sucre. Avant cela, il n’y avait qu’une sucrerie qui avait le monopole de la production et imposait donc des prix élevés.

Depuis l’ installation de leurs propres moyens de transformation, les cultivateurs/rices gagnent beaucoup plus. La coopérative économise les frais de location et le transport vers une usine externe. Cela amène également la possibilité de négocier le prix du sucre certifié Fairtrade directement avec les acheteurs. La coopérative Manduvirá distribue la moitié de la prime Fairtrade qu’elle gagne à ses producteurs/rices. L’autre moitié est investie dans la sucrerie, dans le soutien technique aux travailleurs/euses ainsi que pour mener à bien ses projets.

La prime du commerce équitable apporte donc un soutien important pour la continuité de l’activité ainsi que pour diminuer l’impact carbone de la coopérative.

Anaëlle Scutnaire

Témoignage

Grâce au commerce équitable, nous avons pu évoluer en
coopérative. Depuis lors, nous avons notre propre usine et
nous faisons nous-mêmes nos produits finis. Cela a eu un
impact profond sur ma vie et celle de mes enfants.

Antonio Maldonado, producteur de Manduvirá

Sucre de betterave ou sucre de canne, lequel est le moins néfaste pour l’environnement ?

Pas simple de se faire une opinion. D’un côté, l’industrie du sucre de betteraves (surtout française, première productrice au monde) vante le fait que son sucre est naturellement blanc et n’a donc pas besoin de raffinage, contrairement au sucre de canne. Cette affirmation est à nuancer, puisque le jus de betterave est soumis à de nombreux procédés chimiques pour produire le sucre de table (ex. utilisation de chaux et de gaz carbonique). Et surtout, l’industrie sucrière omet de rappeler les aspects négatifs de la culture de betterave : forte mécanisation, monoculture intensive, utilisation de nombreux pesticides dont les fameux néonicotinoïdes, pourtant interdits par l’UE à cause de leur impact désastreux sur la biodiversité.

Mais de l’autre côté, la culture de la canne à sucre est loin d’être exemplaire lorsqu’elle est intensive. Le WWF indique qu’elle est responsable d’érosion de sols et de déforestation, surtout dans des pays comme le Brésil, premier producteur de sucre de canne au monde. Le transport n’a par contre qu’un très faible impact environnemental et ne permet pas de « disqualifier » d’office les produits venant de loin, en comparaison avec des produits plus locaux. Face à ces modèles intensifs, les alternatives biologiques sont nettement moins impactantes pour l’environnement, tant pour le sucre de canne que de betterave. Le commerce équitable apporte une dimension supplémentaire, par la recherche d’un prix juste, l’organisation en structures démocratiques du type coopératives et l’allocation de moyens à leur transition écologique. À chacun·e de peser le pour et le contre en fonction de son budget, de ses idées, de son goût… et de sa santé, puisqu’il faut rappeler que la surconsommation de sucre est grandement responsable de problèmes de santé comme l’obésité et le diabète.