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Peut-on jouer au foot équitable?

2022 Analyses Make trade fair
Peut-on jouer au foot équitable?

L’analyse en 5 points clés :

  1. Le football tel que proposé par la FIFA n’est pas durable, il faut changer de système de gouvernance du foot.
  2. Derrière l’organisation de cette coupe du monde, ne nous trompons pas de cible : les banques qui financent, les multinationales qui construisent, les marques qui exploitent et les organisations de football qui ferment les yeux sur les abus sont les responsables.
  3. Des expériences démocratiques et de résistance existent dans le milieu du football et peuvent nous servir d’inspiration.
  4. Les journalistes sportifs et les médias doivent aller plus loin qu’un simple devoir d’information.
  5. Boycotter ou pas : on vous donne 5 actions que vous pouvez faire depuis chez vous !

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Le foot est indéniablement le sport le plus populaire de la planète. La « Planète Foot » nous fait d’ailleurs vibrer, chanter, fêter et vivre des « grands moments de sport ». Elle met également des paillettes dans les yeux de milliers de jeunes sportif∙ve∙s animé∙e∙s par l’envie de rejoindre la cour des grand∙e∙s souvent dans l’optique de gravir les échelons sociaux et de toucher au stardom. Le football, en tant que sport d’équipe, défend des valeurs de respect, de solidarité, de fair-play, de collectif et de dépassement de soi. Le ballon représente à lui seul le symbole d’une passion commune et d’un vivre ensemble mondial.

Pourtant, et nous le savons, le sport n’est pas dénué d’influence politique. Instrument de soft power, les grandes compétitions sportives sont une tribune, une vitrine du monde géopolitique et de notre Histoire. A chaque grand évènement ses revendications, certaines porteuses de changement, d’autres illustrant la violence des régimes autoritaires et des guerres en cours[1]Par exemple, la prise d’otages aux JO de Munich en 1972, l’attentat de l’IRA lors de l’euro de football 1996 à Manchester, l’équipe du Togo ciblé par des rebelles lors de la Coupe … Continue reading. Le football n’y échappe pas.

Avec une économie du foot toujours plus puissante, le football représente à lui seul le capitalisme libéral appliqué au monde du sport. Les récentes coupes du monde organisées par la FIFA en sont les exemples les plus frappants. La coupe du monde actuelle, organisée au Qatar, ne fait pas exception. Entre abus de droits humains, aberration environnementale, enjeux financiers et symboliques, nous posons la question : sport et business font-ils bon ménage ?  Comment concilier le sport le plus populaire du monde avec de beaux principes dans un contexte de crise climatique[2]Pour un point de vue sur le sport de haut niveau et la compatibilité avec les Accords de Paris, voir : « Le sport de haut niveau est-il un non sens écologique ? », Bon Pote, 23 mai 2020, … Continue reading et sociale?

Après un historique du football et de son économie, nous explorerons ce qui se cache derrière l’organisation de cette Coupe du Monde 2022. Nous irons voir à travers l’expérience de certains clubs comment faire rimer football et démocratie et discuterons des options sur la table pour rendre le foot durable et équitable (spoiler, elles ne manquent pas !). Nous terminerons sur des actions concrètes à mettre en œuvre en tant que supporter/rices et citoyen∙ne∙s !

Le football, victime de la mondialisation

Si le football existait bien avant la création de la Fédération Internationale de Football en 1904, prenons l’histoire en cours de route, à partir des années 1960. En pleine guerre froide, c’est la géopolitique qui sera maitre sur le terrain. La coupe du monde de 1966 au Royaume Unie symbolise la mainmise des Occidentaux sur le monde, la continuation de la Guerre Froide par d’autres moyens avec une compétition rebaptisée la « coupe du monde des arbitres »[3]« Mondial 66 : sous le signe du soupçon… (Partie 1) », SOFOOT.com, consulté le 28 novembre 2022, https://www.sofoot.com/mondial-66-sous-le-signe-du-soupcon-e2-80-a6-partie-1-226847.html. : compétition truquée, complot contre les équipes des pays du Sud et de l’Est. Les pays d’Amérique Latine – Brésil, Argentine, Uruguay – paieront les frais de ce conflit et les pays du continent africain boycottent l’évènement. Les Anglais dirigent la FIFA, et veulent le titre – ils l’obtiennent- mais ne recevront plus jamais le titre de champions du monde[4]Antoine Dumini et François Ruffin, Comment ils nous ont volé le football, Fakir, 2014..

Dans la continuité de la guerre froide, le football est aussi utilisé à des fins de légitimation des régimes autoritaires en place. Le Real Madrid vend la respectabilité de Franco dans les compétitions sportives grâce à l’aura de ses joueurs. Point bonus, Franco accueillait à bras ouverts les joueurs qui fuyaient l’Europe de l’Est sous l’emprise de l’URSS…

En 1974, la FIFA change de présidence, la libéralisation commence. Aux manettes, M. Horst Dassler, PDG d’Adidas, dont les pratiques de corruption pour l’élection du nouveau président de la FIFA, M. João Havelange – mais pas que – sont révélées par le journaliste M. Andrew Jennings[5]Andrew Jennings, Le Scandale de la FIFA, Seuil, 2015, https://www.seuil.com/ouvrage/le-scandale-de-la-fifa-andrew-jennings/9782021299151., beaucoup plus tard, en 2015. Adidas engrange des profits monstrueux avec la FIFA : M. Dassler va droit au but en obligeant les fédérations sportives à sponsoriser leurs évènements par… Adidas, et Coca-Cola à partir de 1976. « Toutes les fédérations, même en Chine, même au Maghreb, même dans les pays socialistes, sont contraintes d’arborer ces logos à la moindre Coupe des Juniors : de quoi s’ouvrir des marchés jusqu’alors fermés. »[6]Dumini et Ruffin, Comment ils nous ont volé le football. écrivent M. Ruffin et M. Dumini.

L’enrichissement d’Adidas et de sa filiale ISL Marketing sont enclenchées, la mécanique des pratiques de corruption et autres méthodes violentes de M. Dassler et M. Havelange bien rodées. La Coupe du Monde voyage là où l’argent se trouve et la FIFA devient « une multinationale alliée des multinationales »[7]Dumini et Ruffin.. Arrivent ensuite les années 80 et la financiarisation du foot, la télé et le sport planétaire que nous connaissons à présent.

À la FIFA toujours, la corruption organisée continue. Bras droit du Brésilien M. Havelange, M. Sepp Blatter, alors secrétaire général de la FIFA (avant de succéder à M. Havelange en 1998 suite à des élections truquées), marche dans les pas de ses maitres[8]Jennings, Le Scandale de la FIFA.. Mêmes méthodes, plus d’argent : M. Blatter fait entrer le foot dans l’ère des droits télé en dirigeant la FIFA d’une main de fer. Le premier mondial retransmis à la télévision a lieu au Mexique en 1986, sous les plaintes des conditions de jeu par les footballers (chaleur, match à midi en plein soleil) – dont le bien connu Maradona – ce à quoi M. Havelange répond « Qu’ils jouent et qu’ils la ferment »[9]« Soccer Blog | Joao Havelange: FIFA Dictator and World Cup Globalist Passes Away », consulté le 4 novembre 2022, … Continue reading et récupère les chèques. Les télévisions deviennent de plus en plus demandeuses de droits de diffusion, et ceux-ci augmentent considérablement : « de 30,5 millions d’euros en 1986, ils atteignent 907,8 millions en 2002 et 2 100 millions en 2010… soit une hausse d’environ 6285 % en moins de quinze ans. »[10]Dumini et Ruffin, Comment ils nous ont volé le football., selon M. Ruffin et M. Dumini.

Il n’est pas le seul, le football attire les hommes d’affaires peu scrupuleux : M. Bernard Tapie à Marseille, M. Silvio Berlusconi pour l’AC Milan… Les clubs se gèrent dorénavant comme des entreprises. En plus des droits TV, c’est aussi l’aune des grands transferts et la libéralisation des joueurs qui peuvent désormais être rachetés par des clubs. Des enjeux de carrières qui peuvent peser lourd lorsqu’on veut faire de la politique sur le terrain… L’évolution du football suit donc l’évolution de la financiarisation et de la libéralisation de l’économie, avec ses opportunités, comme ses complications (évasion fiscale, activités illicites etc.)[11]Jérôme Champagne, « Une FIFA forte pour une gouvernance mondiale du football ! », Géoéconomie 54, no 3 (2010): 9‑20, https://doi.org/10.3917/geoec.054.0009.

La FIFA en quelques chiffres :

  • 41 millions de francs Suisse[12]David Conn, « Sepp Blatter Faces Calls to Step down at Fifa over “Bribery Cover-Up” », The Guardian, 12 juillet 2012, sect. Football, … Continue reading de corruption reçue par M. Havelange de la part d’ISL (M. Horst Dassler – PDG d’Adidas) pendant son « règne » à la FIFA.
  • Le budget quadriennal de la FIFA tourne autour de 3,5 milliards de dollars[13]Champagne, « Une FIFA forte pour une gouvernance mondiale du football ! » et devrait encore s’accroître à l’avenir.
  • L’audience cumulée de la Coupe du monde de la FIFA 2006 en Allemagne a été de 26 milliards de téléspectateurs – alors que les JO de Beijing ont atteint 5 milliards[14]Champagne..

La fin de l’ère Thatcher-Reagan est marquée par la privatisation en tout genre, y compris du foot. Les billets pour assister à des matchs au Royaume Uni passent de 5 livres (7,5 € en 1990) à 40 en 2010 (60 €))[15]Dumini et Ruffin, Comment ils nous ont volé le football.- un moyen pour évincer les classes populaires et mater les hooligans. C’est aussi le début des délocalisations dans les années 90. Les entreprises vont chercher la main d’œuvre pas chère, le football aussi. Les joueurs à talents viennent désormais des Suds, avec tout l’espoir que percer dans secteur footballistique représente. La possibilité de voguer de club en club et de rachat en rachat fait miroiter à beaucoup de jeunes talents l’opportunité de sortir de leur condition sociale. Opportunité non dénuée de risques : problèmes de déscolarisation, d’immigration clandestine, d’abus de situation vulnérable, exploitation économique, abandon en cas d’échec, arnaques au recrutement, discrimination par le talent (des enfants jugés peu doués sont refusés par certains clubs), sélection par l’argent (des jeunes obligés de payer pour être recrutés, sélectionnés ou alignés)[16]Liste d’abus non exhaustive fournie par la Fédération Foot Solidaire, dont la mission est de protéger les jeunes joueurs∙euses, en les accompagnant, en orientant également les familles, les … Continue reading

« Car produire un footballeur coûte cher : il faut le nourrir, le loger, l’entraîner, pendant des années, un coût moyen de formation évalué à 114 619 € par an et par joueur, d’après un rapport du Sénat » expliquent M. Ruffin et M. Dumini[17]Dumini et Ruffin, Comment ils nous ont volé le football.. Dans les pays « en voie de développement » ces coûts sont considérablement plus bas. Ainsi, les capitaux continuent à venir des pays occidentaux (on investit dans la « fabrication » de joueurs au sein de leurs pays, puisque cela coute moins cher qu’en Europe) et la force de travail, provient des pays du Sud, avec des carrières courtes, qui amassent beaucoup de candidats pour très peu d’élus[18]Johann Harscoët, « « Tu seras Pelé, Maradona, Zidane » ou… rien », Le Monde diplomatique, 1 juin 2006, https://www.monde-diplomatique.fr/2006/06/HARSCOET/13536..

Après la délocalisation et la financiarisation du foot, vient, logiquement, la capitalisation des clubs et du sport : l’avènement du capitalisme footballistique à partir des années 2000, et ce malgré la succession des crises économiques. En effet, le secteur économique du foot tend à continuer sur sa lancée de croissance exorbitante. Pourtant, les clubs cotés en bourse plongent, les actions perdent de la valeur, la majorité des clubs européens sont en faillite. Mais comme le foot est un sport politique (sauf quand on veut vraiment parler politique sur le terrain), les milliardaires, les chefs d’Etat renflouent les caisses : il faut financer le jeu à tout prix (sous peine de voir des révoltes, dans la lignée de l’expression « du pain et des jeux »), et puis, avoir un club devient la nouvelle manière de démontrer sa richesse et son pouvoir, chez les milliardaires[19]Dumini et Ruffin, Comment ils nous ont volé le football.. À côté de la gestion financière des clubs, les marques et le sponsoring pullulent sur les terrains et les infrastructures sportives (en témoigne la Ligue 1 Orange, la Barclays Premier League, le Reebook Stadium entre autres), chaque marque en profitant pour lisser son marketing et dire à quel point ses valeurs sont identiques à celles du football.

L’économie du football est un sujet aussi vaste que complexe. Après cet historique résumé et non exhaustif qui reprend les éléments les plus essentiels à la rédaction de cette analyse, nous allons nous pencher sur ce qui se cache donc derrière cette coupe du monde, qui démarrait le 21 novembre 2022 au Qatar.

Vitrine du monde : derrière les stades et les maillots, l’exploitation

La coupe du monde de football octroie aux pays qui l’organisent toute une série d’avantages : investissement dans des infrastructures sportives, vitrine du pays, tourisme, emploi, image positive, attention médiatique etc. Cependant, tout ne tourne pas rond au pays du football, la première partie de cette analyse y faisant déjà référence. Cette année, c’est le Qatar, pays du Golfe, qui accueille, et qui plus est le premier pays arabo-musulman à organiser cet évènement.

On l’a dit plus haut, la FIFA et la coupe vont là où se trouvent l’argent et les marchés à prendre (Etats Unis, 1994, Corée du Sud et Japon en 2002, Afrique du Sud en 2010, et Qatar en 2022, pays où les clubs sont moins développés et où la culture foot a un gros potentiel de développement). Le Qatar, qui investit massivement dans le foot depuis les dix dernières années (notamment le rachat du club Paris Saint-Germain) ne fait donc pas exception à la règle. Se voir attribuer l’organisation d’une coupe du monde va aussi avec son lot de complications, et pour cela, pas de Qatar-bashing, tous les pays sont logés à la même enseigne en terme d’abus de droits humains (la Russie a été épinglée par Human Rights Watch en 2018[20]« Russie/FIFA : Des travailleurs exploités sur les chantiers de la Coupe du Monde 2018 », Human Rights Watch (blog), 14 juin 2017, … Continue reading pour les conditions de travail extrêmes, le Brésil[21]« Brazil: Dossier on Megaevents & Human Rights Violations in Rio Is Launched by Civil Society and University », Business & Human Rights Resource Centre, consulté le 28 novembre 2022, … Continue reading a lui aussi été ciblé par la société civile pour l’éviction de milliers personnes pour la construction des stades).

Dans l’octroi même de la Coupe du Monde, la nomination de l’Emirat s’est faite sous soupçon de corruption (le cas aussi pour l’Afrique du Sud[22]« L’Afrique du Sud reconnaît avoir versé 10 millions de dollars à la FIFA », Le Monde.fr, 31 mai 2015, … Continue reading, depuis que les scandales autour de la FIFA ont éclaté en 2015 après les révélations de M. Andrew Jennings).

Mais du côté de la logistique, qu’en est-il ? La construction des stades aurait causé la mort de 6500 personnes travaillant dans le secteur de la construction[23]« Revealed: 6,500 migrant workers have died in Qatar since World Cup awarded | Workers’ rights | The Guardian », consulté le 9 novembre 2022, … Continue reading ; dans le secteur de la sécurité, les accusations d’abus sont elles aussi présentes et dans le secteur du textile, qui n’est plus à présenter, la liste des personnes exploitées au profit de cette compétition internationale s’allonge.

Car le foot, c’est aussi des sponsors et des équipementiers. On y retrouve d’ailleurs encore la marque Adidas, indétrônable sponsor de multiples équipes (dont les Diables Rouges). Adidas, ciblée par les ONG membres de la campagne Clean Clothes, pour ses pratiques douteuses en termes de droit du travail. Adidas n’a en effet pas payé ses travailleurs∙euses au Cambodge pendant la crise de la Covid-19, et est donc responsable de vols de salaires d’un montant de 11,5 millions de dollars[24]« adidas — #PayYourWorkers », consulté le 9 novembre 2022, https://www.payyourworkers.org/adidas.. De l’autre côté, Adidas ne se gêne pas pour vendre des t-shirts de supporter des Diables Rouges à 165 euros, sachant qu’en moyenne les ouvrières textiles qui fabriquent des t-shirts touchent 29 centime sur un prix de 29 euros. En tant que citoyen∙ne∙s et supporter/rices de foot, nous sommes en droit de nous demander où va notre argent et comment Adidas peut encore et toujours s’en tirer ?

Interpeller les marques pour provoquer le changement

Pay Your Workers est la campagne du réseau Clean Clothes pour interpeller les marques et les pousser à adopter des positions plus ambitieuses sur le paiement des salaires de leurs ouvrier∙e∙s en bout de chaine de production. Si les syndicats sur place se mobilisent déjà fortement, avec les risques connus de menaces, intimidations etc, nous avons un rôle à jouer en tant que consommateurs/rices de ces marques. Avec l’avènement des réseaux sociaux et du marketing en ligne, les marques sont aussi plus sensibles aux critiques reçues sur leurs pages/comptes et autres outils de communication, qui se veulent plus directement en lien avec leur clientèle. Cette situation offre une opportunité de contribuer à la lutte des travailleurs∙euses, en interpellant les marques sur leurs réseaux : des kits de mobilisation et des messages simples et clairs, permettent d’interroger ces marques sur leurs actions pour les mettre face à leur responsabilité. Pour en savoir plus : https://www.achact.be/campagnes-slug/adidas-payyourworkers/ 

Lorsqu’on regarde les maillons de la chaine à l’œuvre dans les filières du bâtiment et des infrastructures (y compris infrastructures d’accueil comme l’hôtellerie) de la coupe du monde au Qatar, impossible également de faire l’impasse sur les financements : organiser une coupe du monde requiert un sacré paquet d’argent et cet argent provient évidemment des institutions financières (banques, fonds de pension, etc). Ces institutions sont tout aussi responsables des activités dans lesquelles elles investissent que celles et ceux qui les mettent en œuvre. Dans un rapport publié par Fair Finance International, l’ONG revient sur la responsabilité des grandes institutions financières (européennes pour 47% d’entre elles) qui ont clairement manqué d’éthique et de prévention en matière de droits humains et d’environnement dans leurs investissements et qui en ont pourtant grandement profité. Cette information nous concerne également en tant que citoyen∙ne∙s puisque l’argent de ces institutions provient évidemment en partie de nos économies.

« Les institutions financières européennes ont utilisé l’argent de citoyens européens pour financer des entreprises de construction et d’hôtellerie autour de la Coupe du monde au Qatar, tout en accordant peu d’attention aux violations des droits de l’homme, pourtant bien documentées, qui sont perpétrées dans ces secteurs. En outre, aucune des institutions financières n’a été en mesure d’apporter la preuve qu’elle utilise son influence pour permettre l’accès à la justice et réparation pour les victimes de préjudices au Qatar, dans le cadre de son engagement avec les entreprises sélectionnées ; un recours et une justice que les victimes et leurs familles méritent profondément »[25]« Big European financial institutions invest heavily but turn a blind eye to human rights abuses in Qatar | Fair Finance International », consulté le 9 novembre 2022, … Continue reading, écrit Kees Kodde, chef de projet de Fair Finance International. C’est en tout 85,7 milliards USD attribués sous forme de prêts et de souscriptions aux entreprises de construction et d’hôtellerie depuis début 2019. La Deutsche Bank représente à elle seule 42% des financements européens, avec un investissement de 15,774 milliards de dollars US.

Ceci témoigne l’importance cruciale d’inclure un champ d’application large dans nos (futures) lois sur le devoir de vigilance des entreprises[26]Voir http://devoirdevigilance.be. Si les investisseurs ne sont pas autant impliqués que les marques, les pratiques ne changeront pas.

Dans ce tableau plutôt sombre, il est néanmoins important de noter que le Qatar s’est doté d’instruments législatifs nouveaux, un peu plus alignés sur les principes de l’Organisation Internationale du Travail. C’est le cas par exemple d’une loi sur le salaire minimum (1000 rials équivalent à 240 euros), l’abolition du système de kafala (système de mise sous tutelle des travailleurs∙euses étrangères, existant dans d’autres pays du Golfe et Moyen Orient également) qui permet dorénavant aux travailleurs∙euses de changer plus librement d’emploi et de quitter le pays plus facilement, le renforcement de l’inspection du travail, l’interdiction de travailler à partir d’une certaine température (32,1 degrés)… Mais le chemin à parcourir est encore long. En effet, si la législation est en place, il s’agit maintenant de s’assurer de sa mise en œuvre et de son contrôle. De même, les syndicats restent attentifs à ce que ces lois nationales ne soient pas abolies aussitôt que la coupe de monde se termine et que l’attention médiatique diminue[27]John Vandaele, « Qatar : après la Coupe du monde, « tout peut à nouveau empirer » », Revue Démocratie, consulté le 9 novembre 2022, … Continue reading.

Clubs de foot et expériences démocratiques

Revenons-en au sport et comment au sein de la discipline footballistique, des voix se sont élevées pour porter haut les valeurs de ce sport collectif, en résistance et en lutte contre des systèmes politiques (et économiques) oppressifs. De quoi s’inspirer pour mieux faire.

Notre tour du monde nous emmène en 1973, au Chili, où le dictateur Pinochet arrive au pouvoir et impose une dictature. Dans l’équipe de foot chilienne, un buteur vedette : M. Carlos Caszely, qui va mettre à profit sa célébrité pour lutter contre le régime. Joueur en Espagne, il s’appuie sur sa notoriété pour critiquer le régime à chaque retour au Chili. « Très peu de sportifs se sont fait connaître pour des prises de position politique ou sociale. Par peur. Parce qu’ils ont peur qu’on leur fasse payer. C’est d’ailleurs ce qui m’est arrivé. Je continue de payer la note aujourd’hui, car j’ai cru à la valeur de la démocratie. »[28]« Quand des stars du foot risquaient leur carrière, voire leur vie, pour la démocratie et la justice », 18 juin 2014, … Continue reading Plus tard, il fera même un clip de campagne pour s’opposer à la réélection du dictateur. Son action et son courage politique aurait convaincu près de 7 % des indécis∙e∙s à voter « non ». « Le 6 octobre 1988, les résultats tombent : 44,01 % des voix aux partisans de Pinochet, contre 55,99 % à ses adversaires victorieux » écrivent Ruffin et Dumini[29]Dumini et Ruffin, Comment ils nous ont volé le football..

Au Brésil, ensuite, toujours sous régime dictatorial depuis les années 60, un club de Sao Paulo, le SC Corinthians, va monter pendant trois ans un système démocratique et redonner espoir à tout un peuple. En 1981, un jeune chercheur en sociologie devient directeur sportif du club. Ayant déjà connu la prison pour ses positions politiques, M. Monteiro Alves va proposer une méthode complètement innovante au club : un système de vote et du débat pour tous les aspects de la vie du club. Chaque personne du club dispose d’une voix et tout le monde peut donner son avis. La voix du jardinier comptera à égal avec celle d’un buteur. L’expérience de la démocratie corinthianne sera courte mais marquera les esprits, car portée par un trio de personnalité fortes, et politiquement engagées. Socrates, joueur de classe mondiale et également médecin, Wladimir, arrière-gauche talentueux et syndicaliste engagé, et Casagrande, jeune avant-centre prolifique fan de rock’n roll[30]« Démocratie corinthiane : foot, bière et rock’n roll », consulté le 26 octobre 2022, … Continue reading.

« Ce qui est fort dans ce club c’est que le foot est au service de la démocratie. » explique M. David Ranc dans l’émission Affaires Sensibles, sur France Inter[31]« Démocratie corinthiane : foot, bière et rock’n roll ».. La démocratie corinthianne est l’incarnation visible des années d’ouverture du régime.

Socrates signera tous ses but d’un poing fermé levé vers le ciel et restera l’emblème des footballeurs qui « osent »[32]David Ranc et Albrecht Sonntag, « La “démocratie corinthiane”, un exemple d’organisation créative dans le football au temps de la dictature brésilienne », Humanisme et Entreprise 313, no … Continue reading. Personnage médiatique fort, il cristallisera autour de lui télévision et micros, ce qui, au début de la présence des caméras sur le terrain, participera à faire résonner le mouvement démocratique dans tout le Brésil. L’équipe floque même ses maillots du mot « Democracia ». En 1983, à l’occasion de la finale du championnat opposant les Corinthians à Sao Paulo, l’équipe se présente sur le terrain avec une banderole : « Gagner ou perdre, mais toujours en démocratie. »[33]« Quand des stars du foot risquaient leur carrière, voire leur vie, pour la démocratie et la justice ».

M. David Ranc, chercheur-enseignant en sciences sociales et sur les questions de politique dans le sport, explique le succès de la démocratie corinthianne par une combinaison de facteurs. Le contexte politique d’ouverture dans les années 80 alors que le Brésil subit une inflation de 200%, l’opportunité créative du directeur sportif du club et des joueurs réactifs et politiquement engagés. C’est aussi parce que la direction du club a décidé de partager son pouvoir que « l’expérience a survécu au départ de joueurs mais pas à celle des dirigeants, leurs successeurs n’ayant aucun mal à se ressaisir du pouvoir qui avait été partagé »[34]Ranc et Sonntag, « La “démocratie corinthiane”, un exemple d’organisation créative dans le football au temps de la dictature brésilienne ».. Cependant l’expérience s’arrête vite, dès que les résultats sportifs manquent.

Sur le continent européen, des organisations de supporter et de clubs font aussi parler d’elles pour leurs positionnement politique. C’est le cas de l’affaire des DocKers de Liverpool et du Club Sankt Pauli à Hambourg.

En 2015 à Liverpool, l’avant-centre M. Robbie Flower gagne le trophée fair-play de l’UEFA, tout en étant remis à l’ordre par la FIFA, pour ses actions de soutien aux dockers de Liverpool en grève de 1995 à 1997. Venu sur le terrain en arborant un maillot avec l’inscription « 500 docKers de Liverpool congédiés depuis 1995 » en quart de finale de la coupe des coupes, pour soutenir les travailleurs de son quartier de Liverpool, M. Robbie Flower écopera d’une amende de 2000 francs suisse, et d’un avertissement du club « les commentaires sur des questions extérieures au football sont inacceptables sur le terrain de jeu. ». Derrière cette affaire, le détournement du logo de Calvin Klein (cK), sponsor, pour faire « DocKers » et qui menaçait de porter plainte[35]Dumini et Ruffin, Comment ils nous ont volé le football.. « Tout ce qu’on voulait, c’était donner un coup de main aux personnes qu’on connaît et qui ne reçoivent aucune paie. Robbie et moi avons offert notre soutien aux dockers, mais nous ne sommes pas assez arrogants pour croire que porter un t-shirt ferait la différence. » raconte son partenaire de jeu Steve McManaman.

À Hambourg, le club Sankt Pauli, qui joue en deuxième division allemande, mérite aussi de l’attention. Club d’un quartier populaire, seul stade où flotte fièrement un drapeau arc-en-ciel, au logo de tête de mort, jouissant d’une large base de fans (600 clubs de fans partout en Europe), le Sankt Pauli démontre ce qu’un club de foot peut apporter à la société. Les résultats sportifs du club ne sont pas mesurables aux plus grands mais pour les supporters du club, l’essence réside dans les actes. Et pour cause, le club est en 1963 le premier club d’Allemagne à titulariser dans son équipe un joueur Togolais, Guy Acolatse[36]Thibaut LE MOAL, « Football. Homophobie, sexisme, racisme : Sankt Pauli, le club qui lutte contre les discriminations », Ouest-France.fr, 8 mars 2021, … Continue reading. Le club dispose aussi d’une charte qui encadre, entre autres, les comportements au sein de son stade : aucune dérive n’est tolérée, le club n’hésite pas à exclure les énergumènes qui auraient des comportements homophobe, racistes ou sexistes.

Club ancré dans son quartier, le Sankt Pauli agit aussi pour sa communauté, plusieurs projets de soutien aux personnes vulnérables ont été financés et mis en œuvre par le club : des douches aménagées dans le stade pour les personnes sans-abris, un parcours d’accompagnement, de formation et d’intégration en 2017 pour les personnes réfugiées désireuses de rejoindre le sport de haut niveau, créant ainsi la première équipe de joueurs∙euses réfugiées: le FC Lampedusa ! « Un modèle d’intégration par le football. Le tout financé par une large campagne de crowdfunding lancée auprès des fans, dont le soutien aux actions du club est total. »[37]MOAL.

Enfin, le club s’est doté de sa propre marque d’équipement, alors qu’en 2016 le directeur des ventes M. Bernd von Geldem cherchait à trouver un fournisseur respectueux du développement durable et du commerce équitable. « En créant notre propre marque, nous souhaitons montrer que ces valeurs ne sont pas incompatibles à la qualité et la performance » explique M. Von Geldem dans l’article du journaliste M. Le Moal.

Jouer à un foot équitable et durable est donc possible. Et tant que nous parlons de commerce équitable, il est possible de faire entrer des produits équitables dans les stades de foot. Parce que faire un sport collectif qui défend de fortes valeurs peut aussi se montrer dans les buvettes des stades. Le Daring Club de Wezembeek Oppem en Flandres est un fier défenseur des produits équitables Oxfam-Magasins du monde dans son club et porte même nos couleurs sur leurs maillots[38]« Nos Engagements | Daring Club Wezembeek-Oppem », consulté le 9 novembre 2022, http://dcwezembeek.be/nos-engagements/. !

Alors, on boycotte ?

Dans les pays occidentaux, des voix s’élèvent pour tirer la sonnette d’alarme sur cette coupe du monde. Des contres soirées s’organisent, de nombreuses villes refusent d’installer les fan zones et de diffuser les matchs sur grand écran, des bars et des cafés annoncent qu’ils ne la diffuseront pas non plus, des équipes du mondial viennent avec des équipements à message (l’équipe du Danemark a imaginé un 3e maillot tout en noir en soutien aux personnes décédées sur les chantiers, qui ne sera porté que lors d’échauffements, d’autres équipes européennes se sont vu interdire par la FIFA de porter un brassard « One Love » en soutien des causes LGBTQIA+). D’autres appellent à le regarder en conscience ou par d’autres moyens (streaming illégal par exemple). Et la FIFA, de son côté invite à se « concentrer sur le football » et de ne pas « mêler le football à chaque bataille idéologique et politique ». Ce à quoi dix pays, dont la Belgique, ont refusé d’obéir, réaffirmant leur volonté de défendre les droits humains, de soutenir les travailleurs migrants et de continuer à faire pression sur la FIFA[39]« Coupe du monde 2022: dix pays européens, dont la Belgique, refusent d’obéir aux demandes de la Fifa – Le Soir », consulté le 9 novembre 2022, … Continue reading.

Et nous, citoyen∙ne∙s et supporter/rice, qu’est-ce qu’on fait ?

Parmi toutes ces initiatives, gardons à l’esprit le sens premier du boycott de cette coupe du monde. Boycotter la coupe du monde signifie ne pas regarder les matchs. Action ô combien importante puisque la FIFA tire un maximum de profit des droits de diffusion qu’elle vend aux chaines du monde entier. Boycotter signifie moins d’audience pour les chaines qui les diffusent et donc une baisse d’audience pour la FIFA, qui pourrait par la suite subir des pressions de la part des chaines diffuseuses en fonction du pays organisateur. Une action qui cible donc directement le porte-monnaie de la fédération, un excellent moyen de faire entendre son mécontentement. Moins de royalties touchée sur les droits de diffusion signifie aussi moins d’argent qui « ruissèle » chez les clubs, puisqu’eux aussi se rémunèrent de cette manière en proportion également de leurs résultats sportifs. Le boycott de cette coupe est aussi très Européen-centré, puisque les autres pays participants ne l’entendent pas forcément de cette oreille, alors que le public dépasse celui de l’Europe[40]Sarra Grira, « Le boycott du Qatar ou la fable du dromadaire qui ne voit pas sa bosse », Orient XXI, 18 novembre 2022, … Continue reading.

Boycotter oui, ce qui aura un impact sur le court terme, mais cela n’empêchera pas les mauvaises pratiques d’organisation de perdurer ni à la corruption organisée de cesser. Alors, peut-on faire quelque chose en plus ?

Si l’objectif est de changer durablement les choses dans le secteur du football et qui plus est dans le foot business, il faut alors changer de comportement (par exemple boycott, ou les pratiques des clubs), de business model et de politiques qui encadrent tout ce beau monde (transferts de joueurs, taxes et responsabilités des multinationales).

Pour amorcer ce changement de modèle d’affaire, il faut d’abord continuer à en exposer les dérives et pour cela le travail de la société civile – ONG, syndicats, des membres du système foot, mais surtout des journalistes sportifs – est essentiel. Les médias doivent faire plus qu’un devoir d’information. Sur des enjeux aussi majeurs que les droits humains et l’environnement, les médias ne doivent plus être complices des abus générés par toute cette organisation. La course aux droits télé doit s’arrêter et pour cela il suffit « juste » que les directions des chaines de télévision s’arment de courage et disent « non ». Qu’elles n’achètent pas ces droits de diffusion, qu’elles refusent de jouer au jeu de la FIFA quand ces règles du jeu sont sales et exploitent des millions de personnes pour le profit de quelques élus du football.

Les journalistes sportifs sont aussi(nous l’avons vu en parlant des joueurs et des clubs qui démontrent qu’allier football et droit humains est possible) des tremplins pour parler de ces expériences positives, pour montrer qu’un autre chemin est possible et pour rappeler à l’ordre les fédérations qui font de ce sport collectif une variable économique. À noter que le Miroir du Football est un bon exemple d’un journalisme sportif politiquement engagé, dans les années 1960 en France. Dirigé par le journaliste M. François Thébaud, le Miroir, d’obédience communiste, annonce la couleur dès son premier édito : « Si vous recherchez dans nos pages matière à satisfaire l’orgueil nationaliste, l’esprit de clocher, ou le culte commercial de la vedette… Ne poursuivez pas votre lecture. Mais si vous aimez le football pour lui-même, si vous cherchez à étendre le champ de vos connaissances dans tous les domaines du sport qui a conquis le Monde…. Alors, le Miroir du Football est déjà votre revue. »[41]« Miroir du Football numéro Un Editorial de François Thébaud », consulté le 9 novembre 2022, http://www.miroirdufootball.com/editos/Editono1.htm.. Le Miroir du football sera publié pendant seize années, durant lesquelles le Miroir défendra l’internationalisme des crampons, ira suivre le football ouvrier et se positionnera contre les transferts et les dérives du foot business qui démarraient à l’époque et que dénonçait déjà M. Thébaud. Ce dernier que soutient M. Christian Gourcuff au micro de France Inter : « aujourd’hui on est à la recherche de résultats, mais financiers. On parle de tout mais on ne parle plus de jeu, plus de sport. C’est la nature de l’économie de marché qui fait que le sport a changé de nature »[42]« Le miroir du football, joyau de la presse sportive des années 60 et 70 », France Inter, 6 juin 2021, … Continue reading.

Pousser le changement de modèle d’affaire et le rendre durable et respectueux de la planète et des droits humains doit également passer par des lois contraignantes, afin que tout le monde puisse jouer aux mêmes règles du jeu. Comment faire ? Avec une loi sur le devoir de vigilance des entreprises, qui permettra aux victimes d’abus des multinationales d’avoir accès à la justice et obtenir réparation. Cette loi doit concerner un nombre très large d’entreprises ainsi que les institutions financières afin que plus personne ne puisse se renvoyer la balle des responsabilités. Pour que cette loi soit efficace, elle doit aussi s’appliquer à tous les niveaux : international, au niveau des Nations Unies qui négocient depuis 2013 pour un Binding Treaty, au niveau Européen, qui a publié une proposition de directive en matière de responsabilité durable des entreprises et au niveau national, où la Belgique traine, malgré une proposition de loi ambitieuse déposée sur la table du Parlement Fédéral en 2021. Pour montrer à tout ce beau monde politique qu’il est urgent d’agir pour remettre le fair-play au cœur de notre économie (et donc, du monde du football), vous pouvez envoyer des lettres ciblées à vos représentant∙e∙s politiques afin de leur montrer que ce sujet est une priorité !

Pour un football équitable, collectif et durable

On l’a vu dans cette analyse, le monde du sport ne peut pas faire fi des enjeux économiques, sociaux et environnementaux en dehors du terrain. Actuellement, le football tel que proposé par la FIFA et l’économie de marché contribue à nous envoyer droit dans le mur. Il semble que la direction de la FIFA ait oublié que sans planète, la planète foot n’existera plus non plus.

« La compétition sportive qui se joue sur le terrain et dans les classements est de nature essentiellement différente de la compétition économique et industrielle qui se joue sur le marché. Dans le football, la compétition n’a d’intérêt qu’entre concurrents égaux et la victoire est par définition temporaire. Il est impératif que la concurrence reste équitable et qu’on retrouve, la saison suivante, ses adversaires et rivaux de toujours. » David Ranc[43]Ranc et Sonntag, « La “démocratie corinthiane”, un exemple d’organisation créative dans le football au temps de la dictature brésilienne »..

Le foot prône pourtant des valeurs fortes de sport et de solidarité en tant que sport populaire et d’équipe. Pour que les valeurs ne restent pas des coquilles vides, nous devons les inscrire dans le réel, en actes. Si certains joueurs, clubs, journalistes ou associations démontrent par leur engagement et leurs missions que jouer au foot de manière équitable et durable est possible, alors qu’attendons-nous pour le rendre universel ? Pour ce faire, chacun doit prendre ses responsabilités et les Etats doivent tenir leur rôle d’arbitre et siffler la fin de l’impunité des multinationales.

Pour agir depuis chez vous

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