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Oxfam-Magasins du monde

L'économie du donut

Comment faire converger nos sociétés à l’intérieur des limites sociales et planétaires

Dossier – Mai 2020

L'économie du donut

Les actuelles crises sanitaire et économique liées au COVID-19 sont une convulsion de plus d’un modèle de société en plein naufrage. Face aux nombreuses autres urgences sociales et environnementales, en premier lieu le changement climatique, il nous faut inventer le « monde d’après ». Le modèle économique du donut, objet de la nouvelle campagne d’Oxfam-Magasins du monde, peut nous guider dans cette nécessaire transition écologique et sociale vers un « espace sûr et juste pour l’humanité ».

Développé en 2012 par la chercheuse britannique Kate Raworth, le concept de donut définit les balises sociales et environnementales au sein desquelles toute activité humaine devrait s’inscrire. L’anneau intérieur (ou « plancher social ») délimite les éléments essentiels pour une vie digne (alimentation, santé, éducation, etc.), tandis que l’anneau extérieur (ou « plafond environnemental ») correspond à la pression maximale que l’humanité peut exercer sur les systèmes vitaux de la Terre (écosystèmes, climat, etc.) sans mettre sa survie en péril.

Sans surprise, ces différentes limites sont allégrement dépassées, comme nous l’ont rappelé, avant même la crise du COVID-19, différentes crises sociales et environnementales: vagues de chaleur en Europe, incendies en Amazonie, en Sibérie et en Australie, mobilisations sociales du Liban au Chili en passant par la France des gilets jaunes, pour ne citer que quelques exemples. Malgré ces signaux, c’est l’immobilisme qui prévaut parmi les décideurs politiques et économiques. L’absence quasi-totale d’avancées lors de la dernière conférence de l’ONU sur le climat (COP 25) à Madrid n’en est qu’une illustration. Pire, les différents plans de relance post COVID- 19 risquent de nous faire revenir vers la « vieille économie » et le paradigme de la sacro-sainte croissance.

À l’inverse, des millions de citoyens et citoyennes se mobilisent et passent à l’action, à l’image du mouvement des villes en Transition. Si ce mouvement connait un fort succès, la question des inégalités sociales et de la place du ‘Sud’ y est relativement peu présente. Dans sa nouvelle campagne, Oxfam-Magasins du monde cherchera à décloisonner ces combats en défendant le concept de transition équitable ou co-transition : une transition vers l’économie du donut, c’est-à- dire à la fois écologique et sociale, pour et par les populations et pays les plus marginalisés, intégrant les questions décoloniale, féministe et migratoire.

Le commerce équitable a toute sa place dans ce combat pour la justice sociale et environnementale au niveau global, notamment face au ‘tout local’ (pas toujours synonyme de durabilité). Il donne entre autres les moyens aux plus vulnérables d’adopter des pratiques plus écologiques et de s’adapter à l’imprévu (telles les inondations et sécheresses, amenées à se multiplier avec la crise climatique). Il doit néanmoins achever sa mue vers des formes de commerce plus soutenables, par exemple en offrant davantage de produits écoconçus et circulaires, tout en inventant de nouveaux récits.

Au niveau politique, le secteur équitable doit œuvrer avec les autres acteurs de la société civile, aussi bien du Nord que du Sud, à des politiques plus cohérentes et intégrées en termes de durabilité. L’objectif ? Faire converger les luttes pour un « monde d’après » plus équitable et durable !