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Communes du commerce équitable, une campagne internationale. Quelles leçons en tirer, ici et ailleurs ?

Analyses
Communes du commerce équitable, une campagne internationale. Quelles leçons en tirer, ici et ailleurs ?
« Fair Trade Towns » (en Belgique « Communes du commerce équitable ») est une campagne internationale menée dans plus de 30 pays, tant dans le Nord que dans le Sud. Cette campagne a pour objectifs de sensibiliser au commerce équitable et d’encourager le public à opter pour une consommation responsable. Cette analyse propose une comparaison entre les modalités de cette campagne dans trois pays du Sud (Brésil, Liban, Cameroun) et deux pays du Nord (Belgique, Corée du Sud) et en tire des réflexions pour l’améliorer et l’amplifier.

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1. Introduction

« Fair Trade Towns » est une campagne internationale menée dans plus de 30 pays, tant dans le Nord que dans le Sud. Cette campagne a pour objectifs de sensibiliser au commerce équitable et d’encourager le public à opter pour une consommation responsable.
Elle existe depuis 2000 et a été initiée en Angleterre par un groupe local Oxfam de Garstang. Aujourd’hui, plus de 33 pays participent à l’initiative qui rassemble plus de 2135 « Fair Trade Towns », parmi lesquelles : Londres, Madrid, Amsterdam, Bruxelles, Toronto, San Francisco, Bonn, Boston, Copenhague, Helsinki, Stockholm, etc. Depuis peu, des pays du Sud ont rejoint la campagne : le Ghana, le Costa Rica, le Brésil, l’Equateur, le Cameroun, le Liban, l’Inde, etc. On a atteint une véritable dimension internationale de cette campagne en quelques années – avec une majorité des villes dans les pays du Nord.
Au niveau international, les communes du commerce équitable doivent remplir 5 critères. Ces critères visent à encourager les forces vives de la commune à consommer de manière équitable et à sensibiliser leur entourage à cette alternative : cela concerne l’autorité communale, les commerçants et établissements Horeca, les écoles, les associations et entreprises… Un comité de pilotage coordonne la campagne et veille à ce que les différents critères soient bien respectés.
Cette dynamique « Fair Trade Towns » a donc une envergure internationale, mais qui reste toutefois peu connue en Belgique et particulièrement en Wallonie et à Bruxelles. Afin d’ouvrir notre réflexion à d’autres expériences, nous avons voulu explorer ce qui se faisait dans différents continents où « Fair Trade Towns » est active et où il nous était possible d’avoir des informations concrètes sur la dynamique.
Cette analyse nous permettra de comprendre les réalités d’ici et d’ailleurs qui construisent l’histoire de la campagne « Fair Trade Towns » et de porter un regard critique sur ces dernières.

2. Fair Trade Towns d’ici et d’ailleurs

Pour aborder l’aspect « Fair Trade Towns » d’ici et ailleurs, nous avons décidé d’explorer les campagnes du Liban, du Cameroun, du Brésil et de la Corée du Sud ainsi que de la Belgique.
Le Liban, le Cameroun et le Brésil sont dits « pays du Sud », alors que la Corée du Sud et la Belgique sont classées dans les « pays du Nord ». Nos recherches nous poussent à distinguer les campagnes dans les pays du Sud et dans les pays du Nord où les enjeux du commerce équitable sont différents.

2.1. Les campagnes dans les pays du Sud.

Avant de nous plonger dans les campagnes respectives de quelques pays du Sud, il semble pertinent d’aborder la question du commerce équitable Sud-Sud. En effet, jusqu’à récemment, le commerce équitable était pensé dans une dimension Sud-Nord. Cependant, on remarque qu’au cours de cette dernière décennie, un commerce équitable Sud-Sud voit le jour. Plusieurs raisons favorisent cette émergence : d’une part certains groupes de producteurs/trices désirent prendre plus d’indépendance vis-à-vis des organisations de commerce équitable du Nord, réduire les contraintes de l’exportation, avoir une place sur le marché local, etc. Par ailleurs, une classe moyenne, avec un meilleur pouvoir d’achat, émerge dans certaines régions et devient plus exigeante sur la qualité technique et sociale des produits qu’elle achète. Les touristes, dans les zones concernées, sont eux-mêmes sensibles aux produits locaux socialement et écologiquement certifiés.[1. CDTM de Paris. Le commerce équitable Sud-Sud. Ritimo, le changement par l’info. 2012. Consulté le 10 décembre 2018.  En ligne : https://www.ritimo.org/Le-commerce-equitable-Sud-Sud]
Ce développement se fait souvent en lien avec d’autres initiatives – comme en Amérique latine – autour de l’économie sociale et solidaire. Il se fait avec ou sans l’aide des pouvoirs publics. Par exemple, au Sénégal, en 2005, l’ONG ENDA a mis en place le projet « Développer des pratiques de commerce équitable au Sénégal » qui prévoit un système local de certification et cherche à véhiculer une vision africaine du commerce équitable[2. Idem].
D’autres pays du Sud (Inde, Afrique du Sud, Vietnam, Philippines, Pérou, Bolivie, etc.) évoluent avec l’instauration d’un commerce équitable local. Des plateformes régionales ou nationales s’y constituent pour consolider ce type de commerce et accroître les débouchés locaux. Par exemple, WFTO (organisation mondiale du commerce équitable) a créé des plateformes régionales en Amérique Latine, en Afrique ou encore en Asie.
Malgré le fait que le commerce équitable Sud-Sud s’intensifie, Marco Coscione (anciennement de la CLAC[3. Réseaux des petits producteurs d’Amérique Latine et des Caraïbes]) estime que la société civile travaille peu sur la thématique du commerce équitable en Amérique Latine. Dès lors, le concept est encore très peu connu des citoyen·ne·s, qui ne prennent pas conscience de leur pouvoir de changement en tant que consommateurs et consommatrices. Ce constat s’avère identique dans les autres régions du Sud[4. Propos de Marco Coscione], ce qui représente un défi pour faire vivre la campagne « Fair Trade Towns » dans cette partie du monde.
Toutefois, ces pays ont l’avantage d’être au plus près des organisations de producteurs.trices. De plus, les plateformes régionales et nationales constituent également des acteurs importants pour le commerce équitable. Ces dernières représentent et défendent les intérêts des producteurs/trices de commerce équitable, mais elles ne disposent pas des ressources économiques et humaines pour développer des campagnes efficaces et durables au niveau national. Seules quelques-unes d’entre elles entament depuis peu leurs premières activités de plaidoyer, avec très peu de ressources, mais avec beaucoup d’enthousiasme et le soutien de leurs réseaux[5. Marco Coscione. Spreading the campaign in the South. 2017. Consulté le 10 décembre 2018. En ligne : http://www.fairtradetowns.org/20-news-events-conferences/326-spreading-the-campaign-in-the-south].
Les campagnes au Brésil, au Liban et au Cameroun exposées ci-dessous nous proposent un aperçu de leurs réalités et défis.

A. Brésil : le commerce équitable, une notion à faire connaître et à étendre[6. Propos de Johann W. Schneider (consultant pour la campagne « Cidade de Comercio Justo »).]

Au Brésil, les grandes multinationales spécialisées dans l’agro-industrie écrasent complètement la production de l’agriculture familiale. Dans ce contexte, le commerce équitable a très peu de place et est de surcroit très peu connu des Brésilien·ne·s.
Dès lors, le grand défi est, dans un premier temps, d’encourager les producteurs/trices locaux à modifier leur mode de production vers une production juste, respectueuse de l’humain et de l’environnement. Dans un deuxième temps, il s’agit de sensibiliser les Brésilien·ne·s à une consommation responsable et durable. Pour cela, le commerce équitable et la campagne « Fair Trade Towns » (active depuis 2012) sont de bons outils en matière de sensibilisation et de conscientisation. De plus et afin de répondre au premier grand défi cité plus haut, un sixième critère vise spécifiquement à encourager et à soutenir les petits producteurs locaux à adhérer aux principes du commerce équitable et à faciliter leur accès au marché.
Actuellement, Poços de Caldas, Bao Esperança et Rio de Janeiro ont reçu le titre de « Fair Trade Towns ».  Andre Reis, président de la « Cooperativa Dos Costaset » (coopérative de café) et membre du comité de pilotage de Boa Esperança témoigne de l’importance de cette campagne : « Pour notre coopérative, c’est un honneur de pouvoir mener ce processus au niveau local. Il est de plus en plus important de repenser le commerce équitable dans nos localités afin de mieux comprendre ce que signifie cultiver et commercialiser le café et d’autres produits avec solidarité et durabilité ».

B. « Fair Trade Towns », un moteur pour le Liban[7. Propos de Benoit Berger, directeur de Fair Trade Lebanon et Régina Karam, membre du comité de pilotage de Baskinta Baytouna.]

Le Liban regroupe plus de 18 ethnies différentes et plus d’un quart de la population est composé de réfugié·e·s fuyant les pays voisins. Dans ce pays, victime de nombreux conflits externes et internes, la campagne « Fair Trade Towns » permet de favoriser des liens sociaux et économiques entre les différentes communautés, de rassembler des militant·e·s d’origines différentes et de développer une plateforme de solidarité et de soutien mutuel.
Dans ce petit pays, la thématique du commerce équitable prend de plus en plus d’importance tant pour les citoyen·ne·s que pour les producteurs/trices du pays. Un acteur important se cache derrière ce développement : « Fair Trade Lebanon », une plateforme active depuis 2006 qui soutient les activités des coopératives et permet l’ancrage des produits sur le marché local et international. Elle coordonne également la campagne « Fair Trade Towns » (depuis 2013).
La mobilisation citoyenne autour de « Fair Trade Towns » est telle qu’elle permet de faire connaitre les principes et les missions du commerce équitable au plus grand nombre avec la diversité d’acteurs/trices que la campagne implique. Cette mobilisation est surtout portée par les jeunes Libanais·es. Pour elles et eux, « Fair Trade Towns » est synonyme de changement. Régina, Libanaise de 24 ans, explique sa motivation : « Le commerce équitable est un outil concret de changement et de développement pour les producteurs de la région. Il est donc capital de valoriser la campagne Fair Trade Towns. Dans mon village de Baskinta, le commerce équitable permet de lutter contre les injustices, les inégalités et permet également aux paysans de rester sur leur terre et de pérenniser leurs activités ».

C. Au Cameroun, on mise sur la participation des femmes et des jeunes

Au Cameroun, la campagne existe depuis 2014, avec Ebolowa comme première « commune du commerce équitable ». Il s’agit de la 3e du continent africain, après deux autres villes au Ghana.
La campagne camerounaise s’est adaptée aux réalités et enjeux du pays et se différencie donc de la campagne au niveau international. Au Cameroun, les productreurs/trices souhaitent voir plus d’initiatives comme la campagne « Fair Trade Towns » car cette dernière leur permet d’avoir un meilleur accès au marché local et donc d’améliorer leurs conditions de vie. « Pour répondre aux enjeux de notre pays, nous avons un sixième critère, celui-ci vise spécifiquement à associer les femmes et les jeunes à la démarche « Fair Trade Towns », nous explique le coordinateur de la campagne camerounaise Nicholas Apokerah. Ce critère permet de s’assurer que la diversité de la société camerounaise soit représentée dans les groupes de pilotage de campagne dans un pays où le contexte ne le permet pas toujours.
L’exemple du Cameroun – tout comme celui du Brésil –  montre l’importance de pouvoir adapter les critères de la campagne aux enjeux et réalités de chaque pays, pour la rendre plus efficace et porteuse.

2.2. Fair Trade Towns dans les pays du Nord

Dans les pays du Nord, le concept de commerce équitable est largement connu par les citoyens et citoyennes. En effet, nombreuses sont les organisations et les plateformes de commerce équitable permettant une large sensibilisation du grand public. Le commerce équitable est généralement compris comme une relation commerciale entre les pays du Sud et les pays du Nord, en d’autres termes le concept concerne surtout les produits du Sud.
Les consommateurs et consommatrices du Nord sont de plus en plus soucieux de la qualité et de l’origine des produits de leur alimentation. Par conséquent, ils favoriseront un produit de qualité environnementale et provenant de chez eux. Par contre, les questions socio-économiques font très peu partie des critères de choix des consommateurs/trices[8. DUPONCHEEL Sophie. La multiplicité des modes de distribution alimentaire : bénéfique aux producteurs/trices ?. 2017. Disponible en ligne sur le site https://www.oxfammagasinsdumonde.be. ]. Pourtant, une partie de plus en plus importante du monde agricole souhaite un mode de production plus durable mais aussi plus équitable[9. Commerce Equitable made in France. In Commerce Equitable. Consulté le 12 décembre 2018. En ligne : http://www.commercequitable.org/cenn.html].
Dans ce contexte, les méthodes des organisations de commerce équitable, qui ont fait leur preuve dans le renforcement de l’agriculture familiale et paysanne au Sud, peuvent alimenter les pratiques d’un commerce plus juste et solidaire dans les pays du Nord[10. Idem]. C’est l’objectif du commerce équitable dit « local » ou « Nord/Nord » : appuyer, outiller et donner de la visibilité à l’agriculture paysanne et durable pour favoriser le changement d’échelle et structurer des filières d’avenir.
Ce mouvement « commerce équitable Nord/Nord » prend de plus en plus d’ampleur. Diverses initiatives germent : le commerce équitable made in France, le « prix juste au producteur » en Belgique ou encore le « Système participatif de garantie » développé un peu partout dans le monde[11. MAES Sébastien. Les Systèmes Participatifs de Garantie, une alternative citoyenne au label Bio. Ensemble cultivons les alternatives. 2016. Pp.22-23.]. Petit à petit ce mouvement rencontre du succès auprès du grand public.
De plus en plus présente tant chez les producteurs/trices que chez les consommateurs/trices, cette conscience de la nécessité d’un commerce plus juste et plus respectueux de l’humain et de l’environnement (tant pour les produits du Sud que du Nord) est une réalité non négligeable pour l’histoire de la campagne « Fair Tade Towns » des pays du Nord.
Les campagnes en Belgique et en Corée du Sud nous proposent un aperçu de leurs réalités et défis.

A. Communes du Commerce Equitable en Belgique

En Belgique, « Fair Trade Towns » communément appelé « Communes du Commerce Equitable » (CDCE) est active depuis 2004 en Flandre et depuis 2006 à Bruxelles et en Wallonie. Aujourd’hui, la Belgique compte 238 communes du commerce équitable. CDCE compte un critère de plus que les 5 critères proposés au niveau international – ce qui fait de CDCE, une campagne singulière. Ce critère implique le développement d’une nouvelle initiative en faveur des produits locaux et durables.
Cette particularité est un atout pour la campagne belge ; en effet elle permet de faire le lien avec de nombreuses initiatives locales de transition : potager collectif, monnaie locale, groupe d’achat solidaire, etc. Par conséquent, ce critère attire un grand nombre de personnes engagées avec des profils diversifiés (associations, écoles, citoyen·nes, etc.). En somme, le sixième critère est une bonne porte d’entrée pour dynamiser la campagne sur le territoire belge.

B; En Corée du Sud, une campagne encore en construction[12. Témoignage de Kangbaek Lee, directeur executif de KFTO]

En Corée du Sud, la campagne a débuté en 2010 avec Incheon comme première « Fair Trade Town ». En deux ans, de nombreuses organisations de commerce équitable se sont rassemblées pour former le réseau KFTO (Korea Fair Trade Organisation). Séoul, cette immense ville de plus de 10 millions d’habitant·e·s, est également une « Fair Trade Town » depuis 2017. La capitale coréenne est sans doute la seule ville au monde qui possède un magasin de commerce équitable à l’intérieur de l’hôtel de ville. Appelé ‘Village du Monde’, il est animé par des organisations de commerce équitable qui présentent chaque mois des ateliers et des expositions sur la thématique, ainsi que les produits issus du commerce équitable.
Kangbaek Lee, directeur Executif de KFTO, explique l’origine de sa démarche : « Après la guerre de Corée, nous avons reçu une aide étrangère. Depuis cette période, la population coréenne est demandeuse de soutenir des projets et causes proches de l’humain comme le commerce équitable. Nous essayons de faire connaitre le commerce équitable dans notre pays grâce aux ambassadeurs du commerce équitable (bien souvent des citoyens engagés dans la lutte contre la pauvreté) afin de déployer les messages à travers les différentes communautés telles que les écoles et les églises par le biais d’ateliers pédagogiques. Nos responsables politiques sont aussi très ouverts au concept de commerce équitable et le voient comme la clé de l’avenir. Toutefois, le commerce équitable ne fait pas toujours l’unanimité.
C’est pourquoi, actuellement nous sommes en réflexion autour des critères de campagne car nous souhaitons impliquer davantage d’acteurs et de villes dans la campagne « Fair Trade Towns ».  Pour cela, nous avons été fort inspirés par la campagne belge et nous pensons élargir le commerce équitable vers les produits de chez nous. Pour nous, prendre en compte les producteurs locaux permettrait d’attirer et de convaincre les autorités locales à travailler sur la consommation et la production responsable via les « Fair Trade Towns ». Nous y travaillons cette année afin de concrétiser cette volonté en 2019. Cela permettra de répondre aux enjeux agricoles tant du Nord que du Sud. Notre but est vraiment de déployer la campagne et le commerce équitables (encore très peu connus des citoyen·ne·s) à travers le pays. »

D. Conclusion

Fair Trade Towns a donc ses spécificités et ses réalités en fonction de sa situation géographique, économique et sociale. D’ailleurs, nous l’avons analysé, les campagnes du Sud et les campagnes du Nord sont bien distinctes.

  • Au Liban, le fait de voir directement l’impact positif du commerce équitable sur les producteurs/trices et sur les différentes communautés renforce considérablement la mobilisation citoyenne. Au Cameroun et au Brésil, les réalités ont incité à l’ajustement des critères pour obtenir le titre de « Fair Trade Town ».
  • En Belgique, le constat est que bien souvent le sixième critère permet une mobilisation plus importante et donc une ouverture vers un public diversifié qui n’était peut-être pas engagé pour le commerce équitable au départ. En Corée du Sud, une adaptation des critères est en réflexion afin que la campagne soit davantage l’affaire de toutes et tous. Ces évolutions répondent notamment à une demande de plus en plus importante des citoyen·ne·s de plus en plus soucieux de l’origine et de la qualité de leur alimentation.

Les réalités économiques, sociales et environnementales des pays peuvent ou pourraient influencer le développement de la campagne afin que celle-ci puisse être portée par le plus grand nombre. Il est donc essentiel de laisser une certaine liberté à l’ajustement de ces critères tout en ayant une ligne directrice afin de répondre aux finalités principales de la campagne.
Etrangement, les cas du Liban et celui de la Belgique sont quelque part similaires : les personnes engagées dans « Fair Trade Towns » sont mobilisées en raison (notamment) des impacts positifs concrets et observables liés à la valorisation des producteurs/trices proches de chez elles. L’importance de la qualité tant technique qu’environnementale et sociale du produit pour le consommateur/trice s’intensifie aussi bien dans le Nord que dans le Sud. Par conséquent, les concepts de commerce équitable Sud-Sud, Nord-Nord et Sud-Nord se doivent d’être davantage pris en considération dans la campagne « Fair Trade Towns ». Cela permettrait une mobilisation plus globale, une crédibilité plus importante et donnerait davantage de sens à la campagne. Toutefois, la visibilité à travers la multiplicité des concepts risque d’être brouillée pour les citoyens et citoyennes. Comment « Fair Tade Towns » peut-elle traduire ces différents concepts de commerce équitable dans ses lignes directrices ?
Par ailleurs, l’aspect lié au changement climatique n’est pas encore abordé au travers de la campagne « Fair Trade Towns ». Pourtant, l’impact des modèles de production et de consommation sur le climat est de plus en plus présent et important aux yeux des consommateurs/trices[13. GRAIN. Alimentation et changement climatique : le lien oublié. 2011. Consulté le 12 décembre 2018. Disponible sur : https://www.grain.org/article/entries/4363-alimentation-et-changement-climatique-le-lien-oublie]. Cette préoccupation risque de renforcer une consommation locale au détriment des importations Sud-Nord.  Comment prendre cet élément en considération, sans nuire aux producteurs/trices du Sud, dans les évolutions des lignes directrices de la campagne « Fair Trade Towns » ?
Ces dernières questions ne peuvent trouver réponse dans cette analyse. Une réflexion plus approfondie serait nécessaire pour le déploiement de la campagne « Fair Trade Towns » et pour maintenir et développer une mobilisation du plus grand nombre. Actuellement, un groupe de travail international se penche sur les lignes directrices de « Fair Trade Towns ». Il semble pertinent que cette analyse soit prise en considération et que les réflexions proposées puissent profiter à ce groupe de travail.
Sophie Duponcheel