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Oxfam-Magasins du monde

Le commerce équitable : un accélérateur de la transition

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Le commerce équitable : un accélérateur de la transition

Qui dit commerce équitable ne pense pas à première vue au climat ou même à l’environnement. Avec raison sans doute puisque la démarche s’est historiquement concentrée sur les aspects socio-économiques.

Le secteur a connu à partir du début des années 2000 un fort verdissement, dans un contexte d’essor du concept de développement durable. Cela en fait un outil d’atténuation au changement climatique particulièrement pertinent. De plus en plus de critères environnementaux sont ainsi inclus dans les cahiers des charges (ex. protection des aires menacées, consommation raisonnée d’énergie), tandis que les croisements avec les modes de production et labels biologiques se sont multipliés (ex. Naturland Fair).

Des conditions économiques favorables à la transition écologique

Par ailleurs, les critères économiques (prix basés sur les coûts de production, préfinancement, relations commerciales de long terme, etc.) apportent aux producteurs/rices agricoles une stabilité économique indispensable pour s’adapter aux dérèglements climatiques. En effet, comme le rappelle l’agronome français M. Dufumier, face à un climat de plus en plus aléatoire, « les agriculteurs doivent mettre en œuvre des systèmes de production plus résilients leur permettant après chaque épisode climatique destructeur de rétablir au plus vite le niveau de leurs revenus et les potentialités productives de leurs fermes ».

Le commerce équitable donne donc aux petits producteurs/rices les moyens de la transition écologique, en soutenant le développement de modes de production moins émetteurs et plus résilients, tels que l’agroforesterie, l’agriculture biologique ou l’économie circulaire. On peut citer comme exemples des formations en lutte intégrée ou en agroforesterie, des projets de reforestation ou encore des programmes de protection de la biodiversité.

Le commerce équitable permet ainsi d’intégrer dans le prix des produits l’ensemble des coûts sociaux et environnementaux (ce que l’on appelle les « externalités »), à l’inverse des produits « low cost ». C’est donc une manière d’accompagner la transition écologique à un niveau micro-économique, pratique qui pourrait inspirer des politiques de régulation plus globales…

L’exemple du programme Équité en Afrique de l’Ouest

Il existe par ailleurs de nombreux projets pour « pousser » la démarche plus loin, tel le programme Équité en Afrique de l’Ouest qui couvre six pays. Ce programme 2019-2023, financé par l’Agence Française de Développement (AFD) et coordonné par Commerce Equitable France (CEF), vise notamment à faire du commerce équitable « un levier d’accélération des transitions écologiques ».

Parmi les nombreuses coopératives soutenues (environ 40), on peut citer l’exemple de Camaye en Côte d’Ivoire. Le projet y expérimente des pratiques agro-écologiques avancées associant à la culture de cacao de nombreux arbres (fruitiers), légumes et autres plantes nourricières sur de petites surfaces. Les essais démontrent qu’en plus de fournir de nombreux services écosystémiques (maintien de l’humidité, prolifération réduite des insectes ravageurs ou mauvaises herbes), ces combinaisons permettent d’améliorer la résistance des cacaoyers (notamment aux évènements météorologiques extrêmes) tout en diversifiant et augmentant les revenus des producteurs/rices.

Malgré ces bénéfices, les investissements nécessaires au départ sont lourds. La relation commerciale de long terme assurée par le commerce équitable permet aux producteurs/rices d’obtenir des prêts plus facilement. Le projet cherche également à les mettre en contact avec des acteurs de la finance solidaire, tout en explorant des nouveaux systèmes de crédit.

Autres exemples de démarches innovantes

À une plus petite échelle, Oxfam-Wereldwinkels expérimente une démarche similaire avec son projet pilote ‘Bite to fight’. Une prime Oxfam additionnelle au prix et à la prime équitables vise à fournir un revenu vital aux cacaoculteurs/ rices, ainsi qu’à développer divers projets d’agriculture durable ou de lutte contre la déforestation.

Autre exemple, l’organisation équitable allemande GEPA : en plus d’avoir entrepris de mesurer l’empreinte carbone de toutes ses filières d’approvisionnement, elle soutient financièrement depuis 2013 son partenaire philippin ATPI pour des projets d’afforestation, en collaboration avec l’entreprise Pur Projet. L’approche adoptée par GEPA (appelée « insetting » en anglais) consiste à compenser les émissions de CO2 qu’elle ne parvient pas à réduire via des projets au sein même de sa chaîne de valeur (et non en externe, telles que dans les démarches de compensation classiques, appelées « offsetting »). Résultat, plus de 115.000 arbres ont été plantés en 8 ans (dont de nombreux fruitiers), avec des bénéfices pour le climat mais aussi les producteurs (ex. la diversification de leurs revenus).

Une autre organisation équitable, EZA, a récemment créé une nouvelle marque de café dénommée « Coffee for future ». L’organisation autrichienne alloue une prime supplémentaire à la prime équitable, dite « climatique », qui sert à financer divers projets de conservation des forêts et de zones tampons écologiques. Cela a notamment permis à leur partenaire mexicain SPOSEL de convertir en agroforesterie leurs parcelles de café biologique et de reboiser 300 ha de terres. Ces différents exemples illustrent tout l’intérêt du commerce équitable comme instrument de transition écologique. Testé sur le terrain depuis des décennies, son modèle et ses critères évoluent encore afin de l’adapter à un défi aussi pressant que la crise climatique.

Et le commerce équitable Nord / Nord ?

Les démarches équitables Nord/Nord se sont multipliées ces dernières années, dans une logique de souveraineté alimentaire et de lutte politique globale contre le modèle agro-industriel. Pour des organisations telles qu’Oxfam-Magasins du monde, c’est aussi une manière d’améliorer leur cohérence environnementale. Les produits de la gamme « Paysans du Nord » (ex. bière, confiture, pâtes) sont issus d’une agriculture paysanne à petite échelle, se basant sur des pratiques agro-écologiques et dont la production locale et de saison est plus cohérente que leur équivalent importé.

Plus d’informations sur www.purprojet.com/fr/projet/alter-trade et www.eza.cc/coffee-for-future.