Introduction
L’année 2009 a été marquée par le franchissement d’un cap qui montre que la réalisation du droit à l’alimentation pour tous les individus dans le monde est encore loin d’être une réalité. En effet, à l’heure actuelle, on estime pour la première fois qu’un milliard d’individus souffrent de la faim [1]. La réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement consistant à réduire de moitié la proportion de la population souffrant de la faim entre 1990 et 2015 [2] semble donc fort compromise.
Quelles sont les causes de la crise alimentaire ? Contrairement à ce que pourrait laisser penser son irruption brutale dans les médias durant l’été 2008, la crise alimentaire n’est pas un phénomène qui est apparu du jour au lendemain. De plus, bien que le vocabulaire des catastrophes naturelles ait été régulièrement employé pour caractériser la gravité de la situation alimentaire mondiale (ainsi Louis Michel, Commissaire européen au développement, a-t-il parlé d’un « tsunami économique et humanitaire » [3]), la crise actuelle n’est pas due uniquement à des causes extérieures aux activités humaines. Elle est, en fait, le résultat le plus interpelant et le plus visible de politiques publiques qui ont délaissé le secteur de l’agriculture – ou au moins certains segments de celui-ci – pendant des décennies. […]
[1] Dépêche électronique du Service d’information de l’ONU : G8 : Il faut assurer la sécurité alimentaire pour garantir la paix et la sécurité – Ban, 10 juillet 2009.
[2] Cible 1.C des Objectifs du Millénaire pour le développement, http://www.un.org/french/millenniumgoals/poverty.shtml
[3] Cité par DELCOURT, Laurent, “Mobilisations dans le Sud face à la crise alimentaire”, Etat des résistances dans le Sud-2009. Face à la crise alimentaire, Volume 15, Centre Tricontinental, Editions Syllepse, Louvain-la-Neuve, 2008, p.13.