L’étiquette représente une vigne robuste avec de longues racines solides. Depuis des générations, la fierté de la coopérative vinicole chilienne Vidseca est le « raisin del país » dont les racines peuvent atteindre 18 mètres de profondeur. C’est grâce à cela que cette plante ingénieuse puise son eau, car la région de la Valle del Maule, où la coopérative Vidseca pratique la viticulture artisanale, est très aride. En août 2020, la coopérative a obtenu le certificat FLOCERT Fairtrade (commerce équitable). Un atout supplémentaire face à la concurrence féroce des géants du secteur viticole chilien et leurs pratiques non durables.
Il n’y a pas qu’en Belgique que le niveau des nappes phréatiques est alarmant, même si l’on ne peut pas dire qu’il n’y pleuve pas… La bétonisation, les pratiques agricoles non durables et l’érosion des sols en sont les principales causes. Dans la région sèche de Cauqenes, c’est une véritable épreuve que de voir comment la sylviculture intensive d’espèces particulièrement gourmandes en eau comme l’eucalyptus et le pin assèche encore davantage le sol granitique. Les grands établissements vinicoles ne font qu’aggraver la situation en pompant l’eau du sol pour arroser leurs immenses vignobles.
Ne pas transformer l’eau en vin
Voici un terme du jargon écologique que l’on connait moins : l’empreinte hydrique. Chaque membre de Vidseca produit son propre vin artisanal del país et/ou de carignan. Ils utilisent une installation de vinification à petite échelle et des levures indigènes. Tou·te·s s’efforcent de minimiser leur empreinte en eau. Les membres de la coopérative ont déjà obtenu le certificat APL (Acuerdos de Producción Limpia), décerné par le gouvernement chilien aux entreprises qui s’engagent à produire « proprement », à utiliser intelligemment l’eau et l’énergie et à éviter les produits chimiques. Vidseca vise désormais le certificat « Water Footprint », reconnu au niveau international. Un atout important à exploiter dans le climat actuel de pénurie d’eau mondiale imminente[1]source : Thirsting for a future (2017). Unicef.
La majorité des vignobles de Vidseca ne sont donc pas irrigués artificiellement. Les viticulteurs/rices cultivent de manière traditionnelle en perpétuant des techniques ancestrales vieilles de plus de 500 ans. Sur cette terre aride mais grâce aux propriétés exceptionnelles des racines du raisin ‘del país’ lui-même, les coûteux systèmes de pompage ne sont plus totalement nécessaires. S’ils procèdent de cette manière c’est aussi, en partie, parce qu’en tant que petite coopérative, ils n’ont pas les moyens de payer des stations de pompage. Cependant, c’est surtout par respect profond pour le métier qui leur a été transmis et par conviction que les viticulteurs/rices agissent ainsi pour donner un avenir durable et équitable à la viticulture chilienne.
Au cours du processus de production, le vin issu de l’agriculture irriguée artificiellement consomme en moyenne 80 litres par verre de vin de 200 ml. Le vin de Vidseca en consomme 26 litres. Tous les vins chiliens étaient autrefois produits de cette manière mais le pouvoir de l’argent l’a emporté. En effet, les vignobles irrigués donnent tout simplement un meilleur rendement. Alors que les vignobles en zone sèche produisent 4 ou 5 tonnes de raisins par hectare, les vignobles irrigués en produiront 16 à 20.
Vidseca vise désormais le certificat « Water Footprint », reconnu au niveau international. Un atout important à exploiter dans le climat actuel de pénurie d’eau mondiale imminente.[2]source : Thirsting for a future (2017). Unicef
Un cheval et une charrette
Oui, le CO2 n’échappe pas non plus à leur attention. Une fois encore, ils s’appuient sur des traditions séculaires : taille et récolte 100% manuelles, chevaux pour le transport sur et entre les vignobles. La production ne nécessite pratiquement pas de combustibles fossiles tels que le diesel.
Outre la production de vin, la coopérative souhaite également réaliser d’autres investissements dans la région avec, de préférence, un impact positif sur l’environnement. Par exemple, ils envisagent d’acheter une machine à granuler le plastique pour créer un petit centre de recyclage : les déchets plastiques des champs et de la ville voisine pourront être recyclés de cette manière. En plus, cela créera des emplois et des revenus supplémentaires pour les membres.
Gage de qualité
Depuis son tout nouveau siège social, Vidseca travaille pour la 15ème année consécutive à faire reconnaître le vin país comme une appellation d’origine. En parallèle, ils souhaitent créer un label pour montrer clairement en quoi les viticulteurs/rices de Vidseca se distinguent, ou plutôt excellent, par rapport au reste de l’industrie vinicole chilienne : un vin sans irrigation artificielle, produit en grande partie à la main par une petite coopérative au grand coeur qui s’engage à préserver la planète, les cépages anciens et l’art du métier.
Notes